Le bonheur des uns fait le bonheur des autres
de Thierry Delperdange

critiqué par Marie Baudry, le 18 octobre 2013
( - 64 ans)


La note:  étoiles
On n'est vraiment bon que quand on est bien
C'est le titre de ce livre qui frappe tout de suite. Tout le monde connaît l'adage inverse dont il est issu ! Alors pourquoi cette espèce de plaidoyer optimiste dès le départ ? L'auteur est coach professionnel et au fil des formations de plus en plus nombreuses qu'il donnait à des particuliers ou à des groupes, il a développé l'envie d'écrire un petit ouvrage clair et accessible qui résume, en quelque sorte, ce qu'il dit et pratique à longueur de journée.

Thierry Delperdange est donc coach et pratique ce qu'on appelle aujourd'hui le «coaching de valeurs». Non, le coaching n'est pas réservé aux sportifs de haut niveau... oui, le coaching est une approche de développement personnel souvent utilisée pour augmenter les performances (la vente par exemple)... l'originalité de ce livre est que l'auteur est un des tout premiers à associer systématiquement la performance et ce qu'il appelle la «bienveillance» et à démontrer (si l'on ne devait retenir qu'une seule phrase de ce livre ce serait celle-là !) qu'«on n'est vraiment bon que quand on est bien» (p. 49). Au travail, dans sa famille, dans son couple, dans un supermarché, en vacances.

À lire ce livre, le principe du coaching est tellement simple : éveiller la conscience, accompagner le développement d'autrui. Bien sûr, n'est pas coach qui veut. Mais le bon sens propose de lui-même les principes du coaching, à commencer par l'écoute. Une certaine lenteur, aussi, une lenteur féconde :
«Lorsque j'explique tout cela, je m'entends souvent dire : "Mais on va perdre un temps fou". Je réponds en général : "Combien en avez-vous déjà perdu pour arriver où vous vous trouvez ?" Ce n'est pas au coach de fixer l'agenda, c'est au coaché» (p. 108-109).

Pour avancer, une des premières choses à faire est de mettre les bons mots sur les choses, sur les sentiments, sur les valeurs qui nous animent. «Le plus important», écrit Delperdange, «n'est pas de poser les problèmes ou de trouver les solutions : c'est l'éveil à la conscience. Dès qu'un être humain "sonne juste", tout est possible» (p. 34). Bon, je vois d'ici le sourire plein de dérision de ceux qui qualifieront cette approche de «bisounours». Disons seulement sans entrer dans les détails que Delperdange voit régulièrement, en consultation, de hauts cadres bancaires ou commerciaux s'effondrer en larmes parce qu'ils n'arrivent plus à se connecter à eux-mêmes ou aux autres à force d'avoir appris à tout écraser sur leur passage. À ceux-là, et aussi d'ailleurs au contremaître déboussolé par une énième fusion ou à la secrétaire surmenée par le succès de sa jeune entreprise ou à son patron qui cherche un collaborateur de confiance pour développer son projet, le coaching apporte les réponses qu'ils trouveront en eux-mêmes. Le seul optimisme béat qu'on peut reprocher à Delperdange, c'est de croire que tout être humain a tout en lui-même pour être heureux et rendre heureux les autres. D'où le titre de son essai, CQFD.

Terminons par une curiosité : non seulement ce livre est parsemé de petites fictions inspirées de situations réelles de coaching (dues à l'écrivaine belge Bérengère Deprez), ce qui donne une respiration de plus à la lecture, mais le cinquième et dernier chapitre est consacré à une revisitation du «Petit Prince» de Saint-Exupéry sous l'angle du coaching. Chaque chapitre commence par un sommaire à la manière ancienne. Voici celui du chapitre 5 : «Où l'on parle et reparle de la rencontre (intérieure) ; où un personnage littéraire nous prend par la main pour nous mener hardiment vers l'autre et vers nous-même ; où la rose, le roi, l'aviateur, et même les boas en forme de chapeau se cachent et se révèlent derrière leur(s) propre(s) représentation(s) ; où le renard apprivoise l'éternité». Vu comme ça, le Petit Prince n'a pas fini de nous étonner...