La première guerre de Charles de Gaulle : 1914-1918
de Frédérique Neau-Dufour

critiqué par JulesRomans, le 21 octobre 2013
(Nantes - 66 ans)


La note:  étoiles
Tito / de Gaulle mêmes combats ?
Alors que la veuve de Tito vient de décéder en cette mi-octobre 2013, on peut se dire que du point de vue de la défense de l’indépendance nationale le chef d’état yougoslave et le général de Gaulle partagèrent un certain nombre de valeurs.

Leur autre particularité est d’avoir combattu durant la Première Guerre mondiale, d’avoir été fait prisonniers par l’ennemi et d’avoir tenté de s’évader à plusieurs reprises. Ils parlaient d’ailleurs parfaitement l’allemand pour des raisons différentes puisque l’un d’origine croate travaille en Bohême et Autriche (au sens géographique strict) ainsi qu’en Allemagne du sud alors que l’autre perfectionna sa maîtrise de la langue germanique durant son séjour forcé.

Si pour Tito le séjour en Russie fut prétexte à l’action puisqu’il rentra dans l’Armée rouge, pour le général de Gaulle le temps passé en territoire ennemi fut consacré à la réflexion. Les fruits de ses pensées autour de la guerre moderne, on les trouve évidemment (mais pas seulement) dans "Le fil de l'épée" et "Vers l'Armée de métier".

Cette Première guerre mondiale, le général de Gaulle la pensait possible et en 1905 il rédige "Campagne contre l’Allemagne" où il se met en scène comme général en l’année 1930. Le lieutenant de Gaulle connaît le baptême du feu le 15 août 1914 devant Dinant (dans la province de Namur) et il souffre de voir l’appui tardif et timoré de l’artillerie française alors que les Allemands une fois pris la citadelle bombardent les défenseurs français du pont qui permet de traverser la Meuse (pages 56-57). C’est devant ce pont que notre personnage reçoit sa première blessure.

Cet ouvrage s’appuie sur un volume très important d’archives familiales et militaires et l’auteur met habilement tout cela en récit. Des cartes permettent de voir les lieux où le général de Gaulle a combattu (Belgique, Marne et Meuse) et où il a été soigné (Paris, Lyon et Puy-de-Dôme) ainsi que les très nombreux lieux de sa captivité (dont Magdeburg d’où était originaire le lieutenant Meyer premier militaire allemand tué sur le front occidental). Un précieux index des noms propres permet entre autre de repérer quels personnages et à quelle date le lieutenant puis capitaine a rencontrés.