Journal d'un déporté civil de la guerre 14-18
de Victor Goffart

critiqué par JulesRomans, le 17 octobre 2013
(Nantes - 66 ans)


La note:  étoiles
Havelangeois sans joie durant six mois
Il s’agit des mémoires d’un de ces milliers déportés belges en Allemagne pour y travailler durant la Première Guerre mondiale. À l’automne 1914, Victor Giggart fête ses vingt ans dans le village d’Havelange (province de Namur à la limite de celle de Liège) où il est né.

Un matin de décembre 1916 il est un des malheureux désigné par les troupes d’occupation dans le cadre devenu régulier de réquisition des chômeurs. Dans le Hanovre, il va aller de camp en camp car il refuse de travailler. Affaibli sérieusement par les privations et simulant être atteint par la tuberculose, il est libéré en mai 1917. Sa profession est maréchal-ferrant dans les Années folles, ses descendants retracent en dix pages l’ensemble de sa vie.

La préface de Francis Balace, enseignant retraité de l’université de Liège, explique les modalités et la temporalité de réquisition des chômeurs en expliquant bien combien l’activité économique était figée en Belgique par de multiples interventions des Allemands. 90 000 Belges, dont un tiers de volontaires (beaucoup de mineurs autour de La Louvière) partent en Allemagne pour le travail. Ces bataillons d’ouvriers furent levés en nombre sensiblement égal au nord et au sud du pays ; l’intérêt de la machine économique allemande (au service des industries de guerre) prenant le pas (de l'oie) sur la sollicitude germanique envers les revendications culturelles flamandes.

S’il y eût acceptation du départ, par crainte de représailles, une fois en pays ennemi nombre de Belges moururent de sous-alimentation dans des camps plutôt que d’exercer une profession bien rémunérée qui leur était offerte à l’extérieur.

La Grande Guerre des civils (1914-1919) qui sort en octobre 2013 constitue un bon prolongement à la lecture de "Journal d’un déporté civil de la guerre 14-18".