Les Pathologies de la démocratie
de Cynthia Fleury

critiqué par Falgo, le 15 octobre 2013
(Lentilly - 84 ans)


La note:  étoiles
Un manuel de philosophie politique
Cynthia Fleury tente dans cet ouvrage de relever les maux dont, à son avis, souffre la démocratie. Elle précise qu'elle veut établir le bilan de santé de la démocratie française. Pour cela elle prend un point de vue: établir "une analogie entre l'individu et la démocratie". (p.13) Cela la conduit à définir deux âges des démocraties, les "naissantes" et les "adultes", optique qui sous-tend la première partie du livre qui distingue réforme et révolution pour établir que le souhait de vivre ensemble se disloque par la "survalorisation des différences culturelles et identitaires". (p.95) C'est cette dislocation qu'elle analyse dans la deuxième partie, "Les troubles comportementaux de la démocratie". Une série de courts chapitres est consacrée à 16 thèmes, par exemple: "De l'ère industrielle à l'ère de l'information", "L'intarissable moi", "De la citoyenneté à la revendication identitaire", "De l'éducation des enfants à la déparentalisation","Vérité et mensonge". Une troisième partie tente de tracer des pistes vers un développement de la démocratie à l'échelle de la planète, ce qui, pour elle, amènerait à définir des modalités du régime démocratique différentes du modèle construit dans le monde occidental.
Pour ce faire, l'auteure convoque un grand nombre de références: Robespierre, Saint-Just, Victor Hugo, Locke, Tocqueville, Célestin Bouglé, Raymond Aron, Régis Debray, Popper, Jung, Richard Sennett, John Rawls, Amartya Sen et bien d'autres encore.
Que penser d'un tel ouvrage? C'est d'abord une mine de références et d'informations. En ce sens, c'est une source appréciable de réflexion sur les problèmes actuels de la France. Par contre, la manière de faire de Cynthia Fleury laisse, comme dans "La fin du courage" de la même, un goût d'inachevé. Elle n'arrive pas à rendre concrète vis à vis de la situation française la réflexion qu'elle mène. Par exemple, elle ne dit pratiquement rien du rôle des médias dans le débat démocratique; il est vrai que Tocqueville ne se penche pas trop sur cette question. Alors pourquoi en parler? Dans ses conclusions, elle sort de son sujet (la démocratie en France) pour dresser une sorte de perspective de l'évolution de la démocratie dans le monde, ce qui contribue à rendre éthéré l'ensemble du travail auquel manque une fin précise.
Il me faut bien constater que cette optique de professeur de philosophie n'est pas celle d'une philosophe. La démarche universitaire de sélection des références et l'immense culture de l'auteure ne lui permettent pas d'embrasser le sujet avec la pugnacité et la concrétisation nécessaires, vu l'importance des problèmes évoqués et l'urgence qu'il y a à les traiter.