Les cimetières engloutis
de Stéphane Chaumet, Jimena González Restrepo (Dessin)

critiqué par Zazazou, le 12 octobre 2013
(Paris - - ans)


La note:  étoiles
Ni chaud ni froid!
J'avais lu des chroniques de Stéphane Chaumet; je découvre sa poésie
Dans les Cimetières engloutis, recueil paru récemment chez Al Manar, l'auteur nous propose une vision très sombre du monde, une vision désespérée. Cette vision est acoompagnée de beaux dessins de l'artiste Jimena Gonzalez Restrepo.
Stephane Chaumet s'en prend, pour commencer, à ceux qui,cyniquement, dévastent notre terre:

"Tandis que le terre tourne à la broche sous les pipelines en feu (tour complet 24 h cuisson lente) laissez rôtir laissez les graisses végétales animales s'égoutter laissez calciner boule noire et cahntez les douces apocalypses digestives geignez les cantiques en deuil des écologies bien-pensantes et touchez-vous le bec avec (page 11)

Temps de famine dieu rat crevé que des chiens flairent"

Un peu plus loin,l'accusation brutale, sans concession:

"Vous avez crevé les yeux de l'avenir pour gaver votre confort
le foie gras de vos rêves pourrit au balcon"

Aussi ne reste-t-il rien. Pas même un peu d'espoir :

"L'espoir est cette tartine de pain rance
trempez-la dans votre tasse d'huile du matin
attention! quel dommage vous avez encore taché votre journée
trop tard pour se changer de vie
mais les rouages sont graissés
- ce qui s'oxyde c'est la respiration la langue
sucez-vous les doigts avant d'aller uriner
les muqueuses de la caméra du patron vous reniflent
vous lui caressez les poils avant d'entrer dans le temple du service
la tiédeur du travail emmitonne vos nerfs et rassure vos neurones"

Et d'en tirer ce constat désespéré, désespérant: tous ces puissants mourront sans avoir rien compris; pire, ils disparaîtront en s'en contrefichant:
"Mourir de n'avoir qu'à moitié vécu ne vous fait ni chaud ni froid"