Lefranc, Tome 24 : L'enfant Staline
de Thierry Robberecht (Scénario), Régric (Dessin)

critiqué par Shelton, le 12 octobre 2013
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
Par nostalgie de la Grande Menace...
Quand l’automne approche, dans le calendrier comme dans nos vies, il nous prend l’envie de revenir à certaines belles époques de notre passé. Nous disons bien « belles époques » même si quand nous nous donnons le temps d’une analyse plus poussée ces époques n’étaient pas si belles que cela. Il en est de même pour les séries de bandes dessinées de notre jeunesse. Le souvenir est vif, pétillant, euphorisant, mais à la relecture nous déchantons parfois…

Alors qu’en est-il des reprises, vous savez ces histoires qui continuent longtemps après la mort des auteurs avec un travail de prolongation mené par des auteurs qui ne manquent pas de talent, mais dont l’imagination ne supporte peut-être pas d’être enfermée dans le carcan du souvenir… Souvenirs de lectures, souvenir de l’auteur, souvenir des personnages, souvenirs appropriés par chacun de ceux qui va lire la reprise… Quelle pression !

Pourquoi dire tout cela avant de présenter ce nouvel album des aventures de Lefranc ? Pour relativiser les remarques qui vont suivre, pour expliquer un attachement à une série qui a bercé mon adolescence… Pensez donc, la série est née en 1952, je n’étais même pas né !

L’enfant Staline, le nouvel album, se déroule en 1953. En effet, pour ceux qui suivent cela de loin, les nouveaux albums, ces fameuses reprises, viennent s’insérer entre les albums de la série initiale ou après, selon un plan parfaitement suivi des éditeurs. L’équipe Régric et Robberecht s’est donc replongée dans cette période de la guerre froide. 1953, c’est l’année de la mort de Joseph Staline…

J’ai donc lu avec avidité cet album pour me replonger dans le bon vieux temps. Le premier point positif de ce travail réside indiscutablement dans la qualité graphique. Le dessinateur Régric confirme qu’il est bien devenu maintenant un auteur de Lefranc, à part entière. Certes, il reste dans un classicisme à la Jacques Martin, mais c’était bien une condition pour récupérer la série. Par contre, il rend la narration graphique, album après album, plus dynamique. Deuxième point, le scénario est bien intégré dans cette Guerre froide et le fait d’aller à Moscou renforce cet aspect. Par contre, c’est en tous cas mon avis, le scénario lui-même est un peu trop simple. Dès le départ, on pourrait deviner ce qui va se passer avec très peu d’erreur. Le suspense n’est pas assez intense… A la limite, la seule question qui demeure relève du comment et non du quoi ni du pourquoi !

Il s’agit donc bien d’un album pour les anciens lecteurs et les nostalgiques de la série. Je vais tenter de le faire lire à des collégiens dans les jours et semaines à venir, mais je ne suis sûr de rien… Enfin, cette aventure manque un peu de réalisme et je ne suis pas certain qu’un agent comme Bond, 007, réussirait la mission avec autant de brio… Un peu facile…

Mais comme l’été c’est fait pour lire, comme j’aime les aventures de Guy Lefranc, je n’hésite pas à le dire : continuer à vivre aux côtés de Lefranc ne peut pas faire de mal !
Très bonne surprise 8 étoiles

Oui, très bonne surprise que ce dernier tome de la série Lefranc. On assiste trop souvent à la parution d'albums de bande-dessinées médiocres pour ne pas également le signaler.

D'autant que cette série, désormais riche de 24 titres, a connu des hauts et des bas... après les très bons premiers albums (quatre premiers), la période Martin-Chaillet (au dessin) a été plus mitigée, alternant quelques très bons albums (les portes de l'enfer-l'oasis) avec d'autres beaucoup moins réussis (la camarilla). Puis les "repreneurs" se sont succédé, plongeant le lecteur dans la confusion et dénaturant quelque peu la série: au dessin se succèdent Christophe Simon, Francis Carin, André Taymans, Régric, puis un Jacques Martin vieillissant laisse désormais la main sur les scénarii même: Jacquemart, Drèze, Delperdange et enfin Robberecht s'essaient à l'exercice... avec des succès divers où l'on passe du catastrophique (la momie bleue...) au bon... comme cet album même, l'Enfant Staline qui entraîne Lefranc (pas vraiment admirateur du communisme stalinien) à Moscou.

Le scénario, avec une forte trame historique, est robuste, et, malgré certaines incohérences et caricatures offre une bonne histoire au lecteur. C'est donc le deuxième album scénarisé par cet auteur inconnu (Robberecht) après le Dernier Shogun, qui me laisse un souvenir mitigé.

Le dessin, classique, a désormais acquis une certaine stabilité avec Régric. Sans être sensationnel, le dessinateur fait le travail et nous offre même de splendides cases.

Les amateurs de Lefranc espèrent désormais que l'éditeur continue à offrir une stabilité acquise au prix de nombreuses déceptions par le passé...

Vince92 - Zürich - 47 ans - 16 décembre 2013