Les sarments d'Hippocrate
de Sylvie M. Jema

critiqué par Shelton, le 11 octobre 2013
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
Classique, de qualité et passionant...
Les romans policiers portant le label « Prix du quai des orfèvres » sont généralement de bonne qualité. Il faut dire que ce prix récompense des ouvrages policiers, transmis anonymement aux membres du jury, qui, eux, sont tous de près ou de loin, du métier. D’où des choix de qualité, des romans crédibles, des histoires solides, des écritures travaillées, bref, d’excellents romans policiers d’une façon générale, des romans que l’on ne regrette pas de lire…

Sylvie M. Jena, est, elle-aussi, du métier. En effet, elle est médecin légiste, ce qui n’est pas rien pour parler de policier. Mais, contrairement à ce que son titre pourrait laisser penser, son roman, Les sarments d’Hippocrate, ne traite pas d’un crime sous l’angle de la médecine légiste et les autopsies ne sont qu’un aspect très secondaire de cette intrigue…

Par contre, il est quand même question de santé, de soin, de clinique, de médecin… L’histoire se déroule dans un service de gynécologie obstétrique d’un CHU de province… Un patron, le personnel, les patients et leurs familles… Et des crimes !!! Quand même, on est dans un roman policier…

Dans le personnel, on trouve une interne qui est aussi la sœur d’une femme « officier » de police. Le lien fatidique qui devrait permettre de tisser des situations inextricables, provoquer des interrogations sans fin déontologiques voir même faire naitre des doutes sur la fiabilité à accorder à la police dont certains de ses membres seraient juge et partie…

C’est au cœur du CHU que l’on trouvera le premier cadavre, celui d’une femme qui travaille avec le docteur Cyprien Desseauve. On dit qu’elle serait même la maitresse du grand ponte, mais cela n’étonnera personne car il a la réputation d’être coureur. Coureur, mais pas assassin…

Un excellent roman, bien construit et écrit pour le plaisir du lecteur avec une exigence dans la psychologie des personnages et la façon de nous les faire découvrir. Nous ne sommes pas dans un roman classique car très rapidement on comprend bien qu’il y a un croisement d’intrigues et non une affaire unique et simple… Mais, de-là à découvrir la vérité, alors là, c’est autre chose. La romancière maitrise admirablement bien son sujet et joue avec le lecteur jusqu’à la fin, surtout à une quarantaine de pages de la dernière, quand on croit naïvement que tout est terminé…

J’ai lu ce roman dans le cadre d’une préparation d’un exercice avec mes étudiants et en vue aussi d’une conférence sur le roman policier français que je vais donner début 2014. Je peux vous dire que je ne regrette pas du tout cette lecture et qu’elle m’a apporté beaucoup de plaisir. Alors, si ça vous tente, c’est le bon moment !