Les hooligans
de Mircea Eliade

critiqué par Pucksimberg, le 11 octobre 2013
(Toulon - 44 ans)


La note:  étoiles
Triste génération roumaine ...
Mircea Eliade évoque la jeunesse roumaine, lettrée et revendicatrice, séduite par des idées nationalistes. Ces êtres veulent un homme nouveau, digne, courageux dont la Roumanie pourrait être fière. Afin de saisir cette période trouble et délicate de ce pays de l'est, Mircea Eliade a créé une galerie de personnages différents afin de rendre sensible cette phase. Il y a Petru Anicet qui donne des cours de piano à une jeune fille vierge Annette, David Dragu l'écrivain prometteur, Alexandru Plesa marqué par le suicide d'une jeune femme morte à cause de lui, Miticà fou amoureux de Marcella et tellement dérangé et de nombreux autres personnages tout aussi marquants ...

Ces jeunes gens discutent et philosophent. On y parle du nouvel homme, de littérature et d'amour. Les femmes sont souvent des créatures souffrant au contact des personnages masculins égoïstes et souvent insensibles. Souvent malheureuses, elles existent surtout par leur aspect désirable. Parmi les thèmes les plus présents de ce roman, l'on trouve le suicide qui marque quelques personnages. Cette génération éprouve le besoin d'exister, de se renouveler, voire de s'affirmer par rapport à la génération précédente. Certains le feront par l'écriture, d'autres par leur franc engagement politique et social, d'autres encore dans leur manière d'engager une relation amoureuse.

Le roman est riche par ses personnages, mais aussi par ses dialogues qui touchent à la philosophie. Quelques passages de réflexion sont parfois ennuyeux. L'on y sent la volonté de l'auteur de faire passer ses idées par le biais de certains personnages. En revanche, certaines scènes fort réussies, sont frappantes. Il est étrange de voir comment en quelques lignes, Mircea Eliade parvient à marquer l'esprit du lecteur par des scènes vives et soudaines ( scène dans le train, la fin de Mme Anicet ... )

Un roman intéressant pour comprendre les jeunes de cette époque roumaine qui pensait que "le monde commence avec eux".