Ce court roman évoque l’adolescence de l’auteur au cours de laquelle s’est révélée son homosexualité.
Considéré comme un ouvrage contemporain de référence pour la Belgique néerlandophone, ce livre est sur plusieurs points remarquables, certainement au sens étymologique du terme.
Il est d’abord d’un bon niveau littéraire, mais surtout il a abordé un thème à une époque où il était encore peu évident de le faire dans cette Flandre bourgeoise et catholique au sein de laquelle l’auteur a grandi. Habitant moi-même à quelques encablures de Saint-Nicolas-Waas, ville natale de l’auteur, mais non explicitement nommée, on peut aussi reconnaître assez aisément le fameux établissement scolaire décrit dans l’histoire.
A travers des personnages familiaux et du corps professoral qui ont marqué sa jeune existence, Tom Lanoye fait une description critique mais assez objective d’une société flamande des années 70, celle qui était, comme il le présente «encore belge», et pas consciente de ses futures contradictions. On respire l’odeur du papier des ouvrages de rhétorique, on voit le crucifix suspendu au-dessus du tableau noir et ces professeurs en soutane à l’autorité naturelle.
Le personnage assume ici aisément ses propres orientations sexuelles, mais par contre il semble ne pas vouloir admettre tout de suite que celles-ci restent minoritaires bien que chacun d’entre nous possède en lui ou en elle une part de l’autre genre.
S’agit-il de l’histoire d’un amour impossible ? Je ne le crois pas, car il ne semble avoir eu que l’illusion que ce fût à un moment possible. S’agit-il d’une réussite littéraire ? Certainement par l’art de raconter des choses difficiles de manière simple et non choquante.
Pacmann - Tamise - 60 ans - 22 juin 2015 |