Le mot d'esprit et sa relation à l'inconscient
de Sigmund Freud

critiqué par Ellane92, le 30 janvier 2014
(Boulogne-Billancourt - 49 ans)


La note:  étoiles
un texte fondateur et... amusant !
"Une concordance aussi profonde que celle qui existe entre les moyens utilisés par le travail du mot d'esprit et ceux du travail du rêve ne saurait être le fruit du hasard. Établir de façon détaillée l'existence de cette concordance et tenter d'en dépister les fondements, telle sera l'une de nos tâches futures."

Le mot d'esprit et sa relation à l'inconscient est un ouvrage qui porte bien son nom.
Dans la première partie, nommée "Partie analytique", Freud définit ce qu'est un mot d'esprit ainsi que les pré-requis qu'il nécessite (par exemple, le mot d'esprit nécessite la présence d'au moins 3 individus : celui qui le prononce, celui qui l'écoute, et celui qui en est la cible). Il passe ensuite en revue quelles en sont les techniques, c'est-à-dire comment il s'élabore (par exemple, il y a des mots d'esprit basés sur l'utilisation d'un même matériel : Rousseau vs roux sot). Ces techniques, largement communes au travail du rêve, ont en commun de permettre une économie, un "raccourci", aussi bien des mots que des pensées. Freud évoque également la composante tendancieuse du mot d'esprit : sans tendance, le mot d'esprit est "innocent" (Rousseau vs roux sot) ; avec une tendance, qu'elle soit hostile, obscène, cynique (par exemple : "bien sûr que Dieu pardonnera mes péchés : c'est son métier"), ou sceptique, le mot d'esprit offre plus de plaisir à l'auditeur et au créateur du mot d'esprit, plaisir qui s'exprimera, par exemple, au travers du rire.
La perception du mot d'esprit, elle, est globale, c'est-à-dire que son écoute ne permet pas de dissocier la pensée exprimée de la technique utilisée.

La seconde partie, dite "Partie analytique", est moins amusante et tente d'expliquer les liens entre le mot d'esprit et le psychisme. Freud y explique que le mot d'esprit procure du plaisir au travers de sa technique qui passe outre la raison critique : dans le contexte du mot d'esprit, on a le droit d'exprimer et de s'amuser d'un non-sens, de l'absurde, d'une "vacherie", etc… Pour caricaturer l'argumentation de Freud, on pourrait dire que le plaisir est dû au fait que le mot d'esprit permet à la fois une levée d'inhibition et l'expression d'une pulsion généralement inacceptable socialement (par exemple, agressive, sexuelle…) aussi bien pour celui qui le dit que pour celui qui l'entend. Une sorte de deuxième effet Kiss cool ! Dans cette partie, Freud évoque également le mot d'esprit en tant que processus social, puisqu'il nécessite des prédispositions à sa création, un auditoire bienveillant, crée une "alliance" temporaire, un rapprochement, entre l'auteur et le récepteur…

La troisième et dernière "Partie théorique" de l'ouvrage, évoque d'une part, les rapprochements et différences entre le travail du mot d'esprit et celui du rêve (si les techniques sont similaires, leur rôle est en revanche différent), et d'autre part, entre le mot d'esprit et les autres formes de comique. Dans ce dernier cas, c'est l'origine qui est différente : le mot d'esprit serait issu de l'inconscient, le comique, du pré-conscient : "Le mot d'esprit, on le fait, le comique, on le trouve".

Globalement, Le mot d'esprit et sa relation à l'inconscient est un ouvrage agréable à lire : la première partir est truffée d'exemples de mots d'esprits qui illustrent les différentes techniques possibles et on se surprend à réfléchir ou décrypter les techniques des mots d'esprits que l'on dit ou que l'on entend. Bien entendu, certains exemples sont intraduisibles ou ont vieilli, mais les histoires "de marieurs" n'ont rien perdu de leur saveur !
Mais c'est surtout un des textes fondateurs de la psychanalyse, à mettre en perspective avec "Psychopathologie de la vie quotidienne" et "L'interprétation des rêves". Dans ces trois ouvrages, Freud met en place, développe et affine, au travers de l'analyse d'évènements universels et "normaux" (le rêve, les lapsus, les mots d'esprit), les instances qui président sa première topique, son fonctionnement économique (par exemple, le plaisir issu du mot d'esprit serait le résultat d'une économie d'énergie liée à la levée d'inhibition) et ses relations fonctionnelles.

"Le mot d'esprit est, pour ainsi dire, la contribution au comique issue du domaine de l'inconscient".
pas si drôle 7 étoiles

mouais pas super, ses blagues sont pas drôle, éculées... Il est peu question de style d'humour et de stylistique d'humour, les exemples (assez rares en fait, heureusement on mourrait d'ennui tellement elles sont navrantes) ne me semblent pas aller dans le fond ni faire preuve d'originalité.

Plus sérieusement j'ai toujours eu du mal avec Fraud (euh lapsus) mais comme toujours il y a de bonnes idées. Ici la mécanique de la pensée. Lu il y a longtemps j'en retiens une analyse de la pensée et "l'humour c'est l'art de la rupture". Sans dogmatisme sa vision paraît juste mais l'art doit-il être analysé ou plutôt ressenti?
Quelques références à l'inconscient collectif mais cela reste larvaire.

Pour amateur de psychologie plus que de rigolade.
On en sort plus fat qu'instruit je trouve.

Magicite - Sud-Est - 46 ans - 2 février 2014