Festin de haines
de Stéphan P.

critiqué par Aldamel, le 28 septembre 2013
( - 56 ans)


La note:  étoiles
Quand la justice engendre la haine au fond de nos provinces
L'auteur nous mène dans les coulisses d'une instruction criminelle, vue par ceux qui la subissent : les parties civiles.
Rien, ici, de ce regard sans âme et hautement flatteur auquel nous ont habitués tous ces reportages platement coulés dans le même moule.
Ce livre ne trace pas le récit linéaire d'un fait divers, pas plus qu'il n'est l'exutoire décousu d'une victime amère. Il est un témoignage sous forme de réquisitoire, intenté à une justice qui a tout faux. L'émotion s'y nourrit de réflexions incisives sur une institution vécue comme une "antiquaille" et, surtout, comme une perversion.
L'ensemble est court, dense, concis : moins de 110 pages de texte pour 26 chapitres que l'on peut lire dans le désordre. On y découvre la trame, les conséquences et le traitement d'un crime sans éclat, mais surtout les rouages d'une justice décalée, voire malsaine. On y est choqué, surpris, ému, mais aussi révolté, et parfois même amusé. Il y a du discernement, de l'insolence, du courage dans l'analyse ou la métaphore, une force de proposition qui ouvre à des débats inédits.
Un témoignage critique, surprenant, violent, qui ouvre un débat de fond et porte des idées rares. Le ton est sans gants lorsqu'il s'agit de décrire ce qu'est la justice aujourd'hui : une usine de mépris, de haines, de déconstruction sociale tant pour les condamnables que pour les victimes. Peut-être le système laïc le plus archaïque de notre société.

Que l'on soit ou non en harmonie avec l'auteur, on ne peut pas sortir indifférent de ce recueil, pour le moins inclassable.