Aventures du Capitaine Hatteras
de Jules Verne

critiqué par Hexagone, le 27 septembre 2013
( - 53 ans)


La note:  étoiles
Aventures polaires
Un mystérieux et anonyme capitaine confie la construction et l'armement d'un navire à Shandon qui doit surveiller la construction et constituer un équipage aguerri.
Toutes les instructions sont données par courrier.
Le contrat liant cet équipage repose sur une abnégation totale de plusieurs années pour une aventure dont chacun ignore tout même la destination.
N'attirant pas les mouches avec du vinaigre, la solde est mirobolante et aiguise les vocations.
Le bateau construit, l'équipage constitué, il est temps de prendre la mer.
Un première destination est indiquée, toujours par courrier, puis une autre jusqu'à ce qu'émerge le Capitaine Hatteras qui s'était fondu au coeur de ces loups de mer .
Hatteras est l'incarnation du jusqu'au boutisme, il n'a qu'une obsession en tête, être le premier homme et surtout premier anglais à fouler le pôle nord.
Il a placé toute sa fortune dans cette aventure. Rien ne l'arrêtera.
L'équipage est constitué comme dans beaucoup de romans de Verne de ce Capitaine idéaliste et patenté, d'un fidèle et savant serviteur le docteur Clawbonny et de matelots non moins fidèles et d'autres perfides.
Au cours du voyage vers le pôle, les obstacles commencent à se s’opposer à la progression du navire, le froid, l'isolement, la frugalité des réjouissances à bord.
A l'instar de l'équipage de Colomb, une partie de l'équipage veut se mutiner.
Partis en reconnaissance avec ses plus fidèles, Haterras découvrira à son retour son navire incendié et abandonné par les renégats qui ont pris la fuite.
Dépités mais résolus à poursuivre, les aventuriers hiverneront, subiront la faim, le froid, la maladie et la mort. Cela jusqu'à la découverte d'un autre équipage d'un autre navire qui s'est échoué, le " PORPOISE " battant pavillon américain.
Un seul rescapé, Altemont, accompagnera, non sans heurts, les aventuriers.
La rivalité entre les anglais et les américains pour la conquête du pôle est mise en exergue, faisant la part belle à de jolies pages de patriotisme et de chauvinisme.
Tout ce beau monde finira par aboutir au pôle, menant Hatteras dans ces derniers retranchements et poussant son jusqu'au boutisme au paroxysme.
Verne livre un roman d'aventures classique, très vernienne dans sa conception, Haterras peut être comparé à Fogg, Clawbonny à Passe-Partout. Les pages de géographie, de botanique, de géologie ne manquent pas.
Les sentiments humains sont tous développés, l'amitié, la passion, la faiblesse, tous ces traits de l'esprit que l'on retrouve dans les romans de Verne.
Pas de surprise particulière, on connait le genre et le style du maître.
Quelques petites longueurs mais au final un bon roman d'aventures que j'aurais préféré lire au coeur de l'hiver glacial.
PS : Verne fait un clin d'œil à son prochain livre " Voyage au centre de la Terre " , car le pôle nord est situé sur un volcan et déjà il imagine la possibilité d'un voyage au centre de notre planète.
Une longue balade vers le pôle 6 étoiles

Le capitaine Hatteras est un homme déterminé. Il veut être le premier à découvrir le pôle nord. Pour ce faire, il s'attache un équipage en procédant par énigme. Qui suis-je? Où vais-je? Les matelots l'ignorent et font cap en appliquant des consignes épistolaires d'un inconnu représenté à bord par un chien. A t-on affaire à un roman insoupçonné de Jules Verne qui use d'une fantaisie nouvelle pour l'auteur? Et bien non. Le roman devient totalement vernien dès que le capitaine fantôme se découvre.
La quête est parsemée des embûches traditionnelles chères à l'auteur. On aime ou pas les explications scientifiques et géographiques, les données mathématiques et les descriptions florales, géologiques quand ce n'est pas cosmologique. J'adhère personnellement à cette maîtrise de Jules Verne dans ce domaine. Je regrette pourtant que dans ce livre, l'aventure devient presqu'accessoire. Hatteras ne développe pas suffisamment d'humanité pour que l'on ait de l'empathie à son égard. Seul, le docteur Clowbonny arrive à nous émouvoir. Quand aux ressorts dramatiques du livre, ils sont convenus. Et l'on devient comme l'équipage tiré par Hatteras vers le pôle, impatients d'y arriver. J'ai failli planter mon drapeau à la fin du livre. Reste l'écriture de Jules Verne, reconnaissable entre toutes.

Hamilcar - PARIS - 69 ans - 9 décembre 2014