Blaise : Opus 3
de Dimitri Planchon

critiqué par Blue Boy, le 21 septembre 2013
(Saint-Denis - - ans)


La note:  étoiles
Blaise en vrai mâle !
Devenu un homme, Blaise vient de partir à l’armée, alors que la France est entrée en guerre avec la Chine ! Jacques, son père, supporte mal son départ. Et pour ne rien arranger à sa déprime, sa femme l’a quitté pour vivre avec un autre homme dans un pavillon perdu dans une banlieue lointaine. Les circonstances semblent réunies pour se faire plaindre… et Jacques semble adorer ça, au point de faire passer un stupide accident pour la tentative de suicide à laquelle il songeait depuis quelques temps…

Premier constat : Blaise a changé physiquement mais a l’air toujours aussi ridicule : il est à présent doté d’un regard vaguement bovin, une boule à zéro militaire et une pitoyable ombre de moustache. Une fois de plus, il ne semble pas tout à fait à sa place. Il semble plutôt fier d’avoir un flingue dans les mains, mais ne veut pas passer non plus pour un gros bourrin vis-à-vis des prisonniers de guerre qu’il doit surveiller. Le père quant à lui semble se complaire dans sa mélancolie chronique, et la mère, fatiguée de son intello dépressif de mari, n’assume pas davantage sa nouvelle vie au côté d’un compagnon qui se fout éperdument des « spectacles de danse » et préfère passer ses soirées devant des émissions télévisées débiles.

Si l’humour hyper caustique est toujours là, je ne peux pas dire que cet « opus 3 » m’ait réjoui autant que les deux précédents. Certes, ça reste dans la même veine et c’est souvent amusant, du coup j’ai du mal à vraiment me l’expliquer. Peut-être l’effet de nouveauté ne joue-t-il plus à plein ? Peut-être Blaise a-t-il grandi trop vite et qu’on aurait bien voulu d’abord le voir en ado complexé ? Ou alors un sentiment diffus comme quoi l’auteur aurait voulu en finir avec cette série (l’accélération du temps, la « mort » (ratée) de Jacques) ?

Même le graphisme coloré à base de photomontages m’a paru moins recherché qu’auparavant. Comme si l’auteur s’était lui-même lassé des couleurs acidulées qui pourtant donnaient du peps à l’ouvrage. Il me paraît du coup difficile d’imaginer une suite. Verra-t-on Blaise devenir cadre commercial ou instituteur après son retour de l’armée ?

Je ne dis pas que ce tome n’est pas bon, bien au contraire, mais pour ceux qui veulent découvrir, il vaudra mieux commencer par les deux premiers "opus", à l’inverse des séries humoristiques en strips qui peuvent se lire dans n’importe quel ordre, du fait que les personnages y sont majoritairement intemporels.