1914-1918, l'encyclopédie de la grande guerre
de R. G. Grant

critiqué par JulesRomans, le 21 septembre 2013
(Nantes - 66 ans)


La note:  étoiles
Tiens, voilà du 1914-1918, voilà du 1914-1918, voilà du 1914-1918, Pour les Alsaciens, les Suisses et les Lorrains, Pour les Belges, y en a plus, Pour les Belges, y en a plus
Cet ouvrage est très intéressant car il permet de connaître une version vulgarisatrice de la façon dont l’Empire britannique vécut la Grande Guerre. Cette vulgarisation est d'un volume extrêmement copieux. L’ouvrage est chapeauté par l’historien anglais R. G. Grant et son intérêt tient aussi à son importante iconographie faite de documents lisibles.

Le déroulement est quasi chronologique car après un utile premier chapitre qui rappelle les tensions qu’a connues l’Europe avant 1914 et l’engrenage vers la déclaration de la guerre, un chapitre est consacré à chaque année de guerre, puis un est dédié à l’après-guerre (traité de paix, conflits avec la Russie soviétique, guerre gréco-turque, manifestations nationalistes, situation en Irlande).

Parmi les négligences relevées dans cet ouvrage, l’existence des frontières acquises en 1919 pour la Belgique au lieu des frontières de 1914 est une constante. D'ailleurs page 339 dans un croquis, où la légende est par ailleurs mal traduite, n'apparaissent pas à côté des près de 4 000 km2 rendus au Danemark et ce que regagnent France et Pologne sur l'Allemagne, les 1 056 km2 acquis par la Belgique. Ceci explique notre titre.

On parle assez peu de la France (si ce n'est par rapport aux actions des armées et du gouvernement britanniques) et c’est tant mieux car dans les textes se glissent quelques petites erreurs soit factuelles, soit dues à une mauvaise traduction. Souci louable, une double page a été consacrée au cimetière militaire de Notre-Dame-de-Lorette.

Par ailleurs la tentation de surévaluer les armées anglaises en reprenant des phrases au contenu aussi large qu’imprécis, souvent tirées d’ouvrage de généraux qui les commandaient ou de ministres, donne une tonalité nationaliste qui finit par étonner. Citons par exemple :

« Chaque fois que les Allemands se trouvaient face aux Canadiens, ils se préparaient au pire » (de la part du Premier ministre anglais Llyod George)

Le même esprit hagiographique apparaît aussi quelques rares fois dans les commentaires. Ce qui est plus gênant, ce sont des impasses qui couvrent certains aspects du discours officiel de l’époque. Il serait quand même temps d’expliquer que le paquebot Lusitania transportait du matériel militaire ; une BD "S.O.S Lusitania, Tome 1 : La croisière des orgueilleux" de Patrick Cothias apporte plus d’informations historiques (à côté d’aspects fictionnels certes) que n’en contient la double-page de "1914-1918 : l’encyclopédie de la Grande Guerre".

Ces remarques un peu acides ne doivent pas faire oublier les grandes qualités pédagogiques de ce livre. Chaque point traité invite le lecteur à faire un lien avec les pages qui mentionnent des évènements utiles pour comprendre ce que l’on lit sur le moment. En parallèle un autre encadré invite à connaître des informations en rapport (soit en les développant brièvement, soit en renvoyant à des feuilles plus loin).

L’index propose des noms de lieux ou de personnes mais aussi des points inclus dans des grands sujets (à titre d’exemple pigeon, ambulance, char …). Parmi les documents étonnants, on trouve page 308 la photo d’un pigeon voyageur empaillé ayant perdu une patte au cours de sa mission et ayant été décoré de la croix de guerre (voir à ce propos notre critique de "Vie sauvage").

Bien que conçu dans un autre esprit " État de guerre - L'année 1914 à travers les publications officielles" trouve dans "1914-1918 : l’encyclopédie de la Grande Guerre" son complément idéal. Le premier titre renvoie à la vision officielle de la Grande Guerre par les autorités françaises entre 1914-1918.