Carmen Cru : L'intégrale Tomes 1 à 4
de Lelong

critiqué par Blue Boy, le 13 septembre 2013
(Saint-Denis - - ans)


La note:  étoiles
Tatie Danielle + Calamity Jane = Carmen Cru
Elle est vieille, sale et moche, et fait peur à ses voisins. Malgré son grand âge et son dos courbé, elle n’en est pas pour autant impotente, même si c’est parfois ce qu’elle aimerait nous faire croire ! Il faut la voir pédaler sur son vieux biclou rouillé avec un cageot sur le porte bagage ! C’est qu’on aurait presque envie de lui donner la pièce avec son vieux manteau usé jusqu’à la corde. Mais le pire, c’est qu’elle ne vous dirait même pas merci et trouverait encore moyen de vous accuser de lui avoir refilé une fausse pièce ! Elle est comme ça, Carmen Cru. Elle déteste l’humanité entière, et ce n’est pas la bonne foi qui l’étouffe, la vieille carne ! Odieuse à souhait, elle ne reculera devant rien pour ne pas débourser un centime, s’estimant entourée de crapules qui ne cherchent qu’à lui faire du tort, à elle, pauvre petite mémé sans défense… Surtout, si vous la croisez, gardez-vous bien de provoquer son courroux, vous n’imaginez pas de quoi elle est capable !

Et pourtant, allez savoir pourquoi, on finit par s’y attacher à cette « pauvre » vieille, héroïne atypique de ces histoires sur quatre ou cinq planches. Est-ce parce que sans état d’âme, elle réussit à nous venger de tous les donneurs de leçons, hypocrites, snobs et autres parvenus qui grouillent en ce bas monde ? C’est sûr, elle n’y va pas avec le dos de la cuillère, la vioque, mais nous au moins qu’est-ce qu’on se marre !

Il faut noter la qualité du trait en noir et blanc (de la couleur pour Carmen Cru, vous n’y pensez pas ??!!). Lelong chiade ses dessins, en particulier les personnages qui ont toujours des apparences très rustiques (mentons en galoche, grandes oreilles, membres difformes…). On pourrait croire que cela se passe dans la première moitié du XXème siècle, si parfois certains éléments de modernité ne venaient pas nous rappeler qu’il n’en est rien. Et c’est peut-être aussi ce qui fait le charme de cette série un peu intemporelle, qui aura sans doute comme moi marqué tous les lecteurs de Fluide Glacial dans les années 80-90.