Dialogues en ruine
de Laurent-Michel Vacher

critiqué par Dirlandaise, le 13 septembre 2013
(Québec - 68 ans)


La note:  étoiles
Un esprit hors du commun
Jean Papineau était un philosophe québécois et enseignait au département de philosophie du cégep Ahuntsic. Il est mort prématurément en 1995 d’un cancer de l’œsophage à l’âge de quarante-cinq ans. Il n’aimait pas écrire et n’a jamais été publié. Son ami intime Laurent-Michel Vacher réunit dans ce petit livre les conversations qu’il a entretenues avec Jean Papineau sur des thèmes divers dont entre autres la culture, la philosophie, les filles, l’écriture, la souveraineté et le nationalisme, l’existence et sa fin et les choses de la vie.

Lu en une heure à peine, le livre est trop succinct pour résumer une pensée comme celle de Jean Papineau mais il nous en donne un aperçu assez intéressant que ce soit au niveau de ses lectures (Thomas Bernhard dont il adopte le pessimisme et le cynisme…), de la musique qu’il aimait bien écouter et des films qu’il regardait avec plaisir. Il nous donne aussi un aperçu de son opinion concernant le nationalisme québécois, l’éducation et les industries de la culture. Survol bien rapide et malheureusement trop court. Cet homme était sans doute excessivement attachant mais comment savoir vraiment ce qu’était sa vie et surtout ce que fut sa mort. Il rêvait de revoir la mer avant de mourir et n’a pu réaliser son rêve. Laurent-Michel Vacher lui rend un bel hommage et sa tristesse fut immense lors de la perte de son ami.

Un petit livre agréable rempli de tendresse et offrant au lecteur la chance de découvrir un penseur québécois assez méconnu mais dont la culture et l’originalité gagnent à être mieux connus.

« Il ne suffit pas d’avoir socialement un statut d’intellectuel pour avoir des idées nouvelles, et moins encore des idées intéressantes. Tu t’imagines que les intellectuels devraient se prononcer sur tout et rien, eh bien, moi pas. L’engagement, l’esprit de sérieux, la mission morale ou humanitaire et tout ça, franchement, ça me pue au nez. Au contraire, je suis convaincu que les intellectuels, en général, feraient beaucoup mieux de se taire et de ne pas aller à la télé montrer leur nouveau costume, la plupart du temps d’une laideur encore plus repoussante que l’ancien. »

« La campagne, c’est le règne implacable de l’ennui et de la bêtise. Tout le monde pense que la ville c’est sale et dangereux, mais la campagne, c’est beaucoup plus sale et dangereux qu’on l’imagine. »