John l'enfer
de Didier Decoin

critiqué par Dirlandaise, le 13 septembre 2013
(Québec - 69 ans)


La note:  étoiles
Trio amoureux dans une ville en ébullition
Didier Decoin affectionne particulièrement New York car il situe souvent l’action de ses romans dans cette ville enfin c’est la cas pour “Madame Seyerling” et “Est-ce ainsi que les femmes meurent”.

John l’Enfer est un Cheyenne exerçant le périlleux métier de laveur de carreaux de gratte-ciel, n’étant pas sujet au vertige comme la plupart de ses congénères d’ailleurs. Suite à un léger accident, il se retrouve à l’hôpital où il fait la rencontre d’une jeune femme temporairement aveugle. Il invite celle-ci à séjourner dans sa maison pour sa convalescence car il craint qu’elle ne puisse se débrouiller seule. Elle accepte donc cette invitation et arrive en compagnie d’un capitaine de navire polonais qui a accepté de la reconduire à la maison de John située au bord de la mer. Dès ce moment, le trio ne se quittera plus et vivra bien des aventures dans cette ville tentaculaire où rien ne va plus et où la lutte pour l’élection d’un nouveau maire donnera lieu à plusieurs confrontations entre le chef des pompiers qui espère se faire élire et certains politiciens ayant la même ambition.

Un étrange roman assez déroutant qui flirte avec la science-fiction et le récit apocalyptique. Car la ville va mal, très mal : les immeubles menacent de s’effondrer rongés par un cancer du béton qui les mine lentement, les riches l’ont désertée pour se réfugier en banlieue et les chiens, redevenus sauvages, se sont regroupés dans les montagnes. Et dans ce chaos, John l’Enfer tombe irrémédiablement amoureux de la jeune femme aveugle mais celle-ci lui préfère le capitaine polonais pour le moment.

J’aime bien Didier Decoin mais ce livre ne m’a pas conquise. J’ai trouvé que tout était assez confus, j’ai eu du mal à comprendre les comportements des personnages et leurs motivations. Cela m’est apparu comme un récit brouillon, sans réelle ligne directrice. Pourtant, l’atmosphère est réussie de même que les descriptions de la ville. L’histoire d’amour demeure un peu confuse, part dans tous les sens et finit par lasser. La fin palpitante vient confirmer mon impression d’avoir lu un roman de science-fiction qui n’en est pas totalement un... comprenne qui pourra.
Dans une ville en pleine décrépitude 9 étoiles

"Bookivore se fait tous les Goncourt", 456ème prise.

Encore un roman estampillé Prix Goncourt que je découvre uniquement bikoze il a obtenu ce Prix (en 1977, celui-là) et qu'en ce moment, je fais une petite fixette sur les romans goncourtisés, histoire d'approfondir un peu plus ma connaissance en littérature francaouise. Non, je n'ai pas fait une indigestion de San-Antonio, je vous rassure.
Didier Decoin, je connaissais évidemment de nom : scénariste de films et de TVfilms, auteur de "La Femme de chambre du Titanic" notamment, membre de l'Académie Goncourt, il fait partie des écrivains que l'on est obligé de connaître ne serait-ce que de nom et de visu. Mais je n'avais rien lu de lui avant ce "John L'Enfer" il y a quelques jours, et si je ne sais pas encore si je vais lire un autre de ses romans (mais qui sait...), je sais en revanche que je le relirai, ce "John L'Enfer".
Quel roman. Il ferait un film moyen, bizarre et au final peu intéressant, car il n'est pas vraiment du genre à se faire adapter, ce roman. Je ne vais pas dire qu'il ne se passe pas grand chose dedans, car quand même, mais je me doute bien qu'il serait vraiment ardu d'adapter correctement ce roman très intérieur et qui semble boxer sans plusieurs catégories : drame, chronique, romance, anticipation.

L'histoire est celle d'un Indien Cherokee, John L'Enfer, qui, à New York, travaille, du moins au début du livre, comme laveur de carreaux, employé par le Bureau des Affaires Indiennes dans une société spécialisée dans le lavage des gratte-ciels. Il ne souffre absolument pas du vertige, comme ses compatriotes native americans (italiques requises pour les deux derniers mots). Un jour, se rendant dans un hôpital pour le boulot, il y fait la connaissance de Dorothy, jeune sociologue hospitalisée suite à un accident de surf, elle est devenue (provisoirement, elle l'espère) aveugle. Il sympathise avec elle, même s'il est quand même à deux doigts de la sauter vulgairement dans la lingerie, mais il se retient. Il fait aussi la connaissance d'Ashton Mysha, officier de marine marchande juif polonais hospitalisé pour une appendicite, "logé" dans la même chambre que Dorothy. Il propose à Dorothy de l'héberger chez lui et qu'elle se serve de lui comme s'il était son "chien d'aveugle". Elle accepte, mais à condition que Mysha vienne vivre avec eux. Ne voulant pas perdre celle qu'il aime en secret, John accepte. Il perd son boulot peu après suite à une implication dans une manifestation pro-indienne assez mouvementée...

Psychologie des personnages, dépiction d'un New York étrange dans lequel les gratte-ciels semblent être sur le point de rendre l'âme, écriture serrée, proche d'un Cormac MacCarthy des fois, et d'un Thomas Pynchon dans d'autres pages, ce roman de Decoin, pas très long (365 pages en poche) se lit, du moins j'ai trouvé, vraiment facilement. Il est des fois difficile d'entrer dans un livre (une fois passé le cap des premiers chapitres, ou des premières cinquante pages, ça coule souvent tout seul), ce ne fut, en ce qui me concerne, pas du tout le cas pour ce roman de 1977. Une belle découverte !

Bookivore - MENUCOURT - 42 ans - 13 juillet 2021