La Derniere Classe-1984-1990
de Jean Joseph Mourot

critiqué par CHALOT, le 12 septembre 2013
(Vaux le Pénil - 76 ans)


La note:  étoiles
un témoignage original
« La dernière classe
1984-1990 »
de Jean J. Mourot
Le scorpion brun
the book édition
avril 2013
15 €
Le passage de témoin

Jean Mourot est l'un des derniers instituteurs...
Finissant sa carrière au moment où l'instituteur devenait « professeur des écoles », il aurait suffit qu'il prolonge sa carrière d'un an pour obtenir ce « grade »
Il a préféré « rendre son tablier » plutôt que de s'adapter pour un an à cette nouvelle école où l'on passe de l'enseignement au projet pédagogique.
Ce n'est pas un nostalgique, il ne refuse pas l'innovation mais comme beaucoup de ses collègues il pense que l'enseignement et l'animation socio-éducative constituent deux espaces éducatifs utiles mais différents.
Quand il prend sa retraite, Léon Jospin est passé par là avec la transformation définitive des Écoles Normales d'instituteurs et d'institutrices en IUFM ( Institut Universitaire de Formation des Maîtres) et la mise en orbite de l'école à caractère propre....à chacun son projet et bientôt une concurrence qui risque de s'installer!?
Instituteur rural, Jean Mourot s'installe comme directeur de 5 classes dans une commune rurbaine de Basse Seine.
Il nous conte à la fois les relations nouées avec la municipalité et à la fois la difficulté de s'adapter aux changements qui surviennent...
Avec humour, parfois aussi avec gravité, il fait le point sur les modes qui se succèdent.
Ah l'informatique pour tous et ces drôles de machines peu performantes qui ont terminé dans les placards!
Pour les enseignants, malgré l'absence de formation et de préparation, il s'agissait là d'un outil … pour l’État c'était de la poudre aux yeux , l'objectif principal étant de « promouvoir l'ordinateur personnel auprès d'un large public sans tenir compte des réflexions sérieuses sur l'outil informatique »
Ce livre, bien écrit lie l'histoire locale et personnelle d'un des derniers hussards de la République de la génération Écoles Normales et l'histoire des bouleversements importants qu'ont connu l'institution école.
Il s'agit aussi de s'inscrire dans un contexte ce qui conduit l'auteur qui à cette époque était militant syndicaliste à l’École Émancipée, tendance révolutionnaire de l'enseignement à nous faire part des analyses qui étaient les siennes.
Il ne tronque pas, il reproduit intégralement certains de ses écrits comme celui, autocritique « Vivement les diplômes, on sera tous des profs ».
Il ironisait déjà il y a plus de 20 ans sur cette formation universitaire de haut niveau pour tous de la maternelle à l'université :
« On se demande d'ailleurs, après des années d'habitudes de vie dans les métropoles culturelles, quels néo-diplômés accepteront d'aller s'enterrer dans ces villages minables et coupés du reste du monde où il faut faire des heures de voiture pour aller seulement à la piscine ou au cinéma ».
Le trait est dur mais juste...quant au qualitatif de « minable » c'est de l'humour car Jean Mourot aime la campagne et ce lien fort qui se maintient et se développe dans les villages et petites villes à visage humain.
Jean-François Chalot