Mort d'une tueuse
de Rupert Thomson

critiqué par Septularisen, le 8 septembre 2013
( - - ans)


La note:  étoiles
ATTENTION, BOMBE ATOMIQUE POUR L’ESPRIT !
Nous sommes en 2002 en Angleterre dans le Suffolk, l’agent de police Billy Tyler est appelé par son ami, ancien élève et aujourd’hui supérieur hiérarchique, Phil Shaw, il doit veiller pendant douze heures (de 19h00 à 07h00) sur le corps de la « tueuse »…

En effet, Mira Hindley surnommée « la tueuse », la femme qui bouleversa l’Angleterre des années soixante, lorsque elle rabattait de jeunes enfants pour son amant pédophile vient de mourir en prison.
L’agent Tyler doit donc veiller sur sa dépouille dans la morgue de l'hôpital. Car, devant l’émoi et la folie médiatique que suscite la mort de celle qui ne s’était jamais excusée ni jamais repentie de des crimes qu'elle a commis, on craint des débordements et que « quelque chose » arrive à la dépouille…

Dans le froid de la morgue, dans le silence de la nuit, dans la pénombre du lieu, Billy « passe en revue" sa vie… Sa carrière ratée, son mariage avec Sue qui bat de l’aile, Emma sa petite fille handicapée, Venetia son premier grand amour, pour qui il est allé jusqu’à commettre l’irréparable, son père musicien qui ne s’est jamais occupé de lui, son frère Charlie devenu chirurgien de renom au États-Unis et qu’il a complétement perdu de vue depuis des années, Newman son beau-père millionnaire qui trouve qu’il n'est qu'un raté…

Bientôt il n’est plus seul dans le sous-sol de l’hôpital, car le fantôme de la tueuse lui apparaît et vient lui parler, le provoquer, l’interpeller… et celle qui était jusqu’alors l’accusée se transforme alors en juge…

Je dois dire que j’ai aimé, beaucoup aimé ce petit polar qui ne ressemble à aucun autre…
Le huis clos est absolument hallucinant entre le policier et la tueuse. On passe son temps à se poser des questions : cette femme est-elle bien morte ? Le policier rêve-t-il ? Est-ce vraiment la fantôme de la morte qu’il voit ? Le policier est-il en train de perdre la tête ? L’esprit de la tueuse est-il en train de phagocyter celui du policier ?...

Ce polard psychologique, se révèle vraiment diabolique, malgré qu’il il ne se passe absolument rien comme «action», durant les 280 pages du livre…
Tout est dans la psychologie, il n'y a ici pas d'artifices, pas d’enquête, pas de polices scientifique, pas de détective, pas de tueurs, encore une fois tout est dans le psychologique et c'est justement cela qui fait le charme de ce livre et cela qui fait que les pages ne se lisent pas, elles se dévorent !...

Un très bon polar avec « rien », juste des mots, juste une écriture à couper au couteau, d’une perfection et d’une justesse, d’une finesse comme j’en ai rarement vue pour décrire ce genre de situation…
Une révélation, par un auteur qui mériterait d’être beaucoup plus connu !...