Mes années grizzlis, à la recherche de l'Amérique sauvage
de Doug Peacock

critiqué par Folfaerie, le 27 avril 2003
( - 56 ans)


La note:  étoiles
Ode à l'Amérique sauvage, et histoire d'une rédemption
"Doug Peacock a écrit sur ses grizzlis avec passion et conviction. Son livre est une histoire d'amour, celle d'un homme qui a retrouvé son âme au contact du plus grand prédateur de la planète". Voilà, c'est l'avis de Jim HARRISON, que je reprends à mon compte (mais il le dit tellement mieux que moi). Ce magnifique récit a été également préfacé par William Kittredge, que les amateurs de littérature américaine doivent déjà connaître.
Doug Peacock est un ardent défenseur des grizzlis et un naturaliste depuis plus de 25 ans. Aux USA et ailleurs, c'est une légende, un mythe, et ce livre constitue une référence pour tous ceux que passionnent les grizzlis. Mais c'est bien plus que cela encore.
Ancien vétéran du Viet-Nam, Peacock a failli sombrer dans la folie en rentrant aux Etats-Unis. Devenu inadapté à la vie civilisée, paranoïaque et meurtri par une guerre qu'il ne comprenait pas, Peacock fut sauvé par une rencontre fortuite, avec un grizzly, alors qu'il campait dans les rocheuses. En guise de reconnaissance, l'homme va se consacrer à leur protection. Au fil des pages, Peacock se détend, s'apprivoise, exorcise ses démons. Il cesse peu à peu de parler du Viet-nam, se fait des amis (le légendaire Edward Abbey à qui l'on doit "Désert solitaire" et qui prendra Peacock comme modèle pour le protagoniste principal de son superbe roman "Ne meurs pas ô mon désert", l'écrivain Rick Bass, des biologistes...), tombe amoureux... et se passionne pour la bonne cuisine (un point commun de plus avec Harrison). Son approche de l'écologie et de la protection animale est désintéressée, passionnée, logique et sensée. Il égratigne et dénonce au passage le mode de vie de ses compatriotes, le tourisme de masse, la bureaucratie qui étouffe l'administration des parcs nationaux, la lutte de pouvoir entre les organismes de protection de la vie sauvage.
A l'instar des grizzlis qu'il aime contempler, Doug Peacock ne se complait que dans la nature, loin des hommes. Les ours l'ont sauvé, l'écriture fut sa thérapie. En le lisant, je songeais à Norman McLean, à Rick Bass.
J'espère que l'on me pardonnera cette longue critique, mais c'est un de mes livres favoris, et j'ai une réelle admiration pour ce grand bonhomme. Il a fêté ses 60 ans il y a quelques semaines, j'espère bien qu'il continuera à râler pendant de longues années...
Pour découvrir le Grizzli, pour apprendre de Peacock 7 étoiles

Ma note pourra sembler un peu rude pour les 2 auteurs des critiques précédentes et pour les futurs amateurs de Peacock. Mais je crois que cela vient du fait d'avoir lu "Une guerre dans la tête" en premier ... Cet opus là m'a tellement touché que "Mes années Grizzlis" n'a pas pu rivaliser.

D'une part, le côté un peu brouillon du roman m'a gêné, très axé au début sur la guerre du Vietnam. Certes, cela permet d'expliquer pourquoi Peacock en est venu à s'aventurer auprès des Grizzlis, pour fuir le monde et les Hommes, avant de s'éprendre de passion pour eux. Mais la guerre resurgit ensuite par petites touches, un peu au hasard des chapitres, sans véritable raison ni architecture littéraire.

Pour moi, l'intérêt du livre relève avant tout des moments, des rencontres entre l'homme Peacock et l'animal Grizzli. Je ne suis pas personnellement fan des documentaires animaliers mais dans l'esprit de Peacock, l'approche est différente, plus intime.

Toutefois pour moi, tout ceci devient quelque peu répétitif au bout d'un moment et perd un peu de son intérêt.

Au final, cela reste un ouvrage intéressant pour connaître le parcours de Doug Peacock et découvrir le Grizzli pour ceux, qui comme moi, ne s'étaient jamais vraiment intéressés à la question.

A lire avant "une Guerre dans la tête" que je conseille fortement.
A découvrir également le livre de Rick Bass sur la piste du Grizzli dans les San Juan.

Lejak - Metz - 50 ans - 17 juin 2012


L'homme qui a vu l'ours 8 étoiles

J'ai lu ce roman il y a 3 ans environ et j'en ai gardé un bon souvenir. Aprés avoir constaté et souffert de la sauvagerie de l'homme durant la guerre du Viet-Nam, Peacock semble avoir réussi à s'en sortir grâce à l'observation des animaux et plus particulierement des Ours qui n'ont de sauvage que le nom. Je me souviens avoir lu un récit de Jim Harrison dans un magazine où il évoquait une randonnée en compagnie de son grand ami Peacock et d'une caisse de Bordeaux. Il ne manquait pas de louange à l'égard de son ami et de sa passion pour les Grizzlis, par contre il manquait de souffle à essayer de le suivre sur les chemins sinueux de montagne.

Heyrike - Eure - 57 ans - 28 avril 2003