Une enfance créole, Tome 1-Antan d'enfance
de Patrick Chamoiseau

critiqué par Provisette1, le 30 août 2013
( - 11 ans)


La note:  étoiles
Ô mémoire, viens nous conter tous les secrets et les lumières du "dernier bout de ses boyaux"...
..."Mes frères Ô, je voudrais vous dire "...

...vous dire les mille et treize et mille-douze-treize émerveilles du temps d'enfance que vient à tendrement nous conter le tout petit, "piti" "négrillon (qui) n'eut rien de spécial. Petit, malingre, l'oeil sans grande lumière, consommant l'art du caprice"!

Ah!Certes, oui mais quel poérêveur aurait su mieux nous Dire-Ecrire... que "son seul génie fut d'être un tueur", le fol et "sacré roi... des araignées et des fourmis, des libellules et vers de terre victimes pourtant de ses massacres"?
Et quels massacres:-))).
Cent-mille-douze fous rires garantis!

...Et quel "être hors du monde... comme ces ouistitis dont il avait la corpulence, à peu près le son de gorge...", lui, le "téteur jusqu'à un âge déconseillé par la raison" nous mènerait à vivre, aux sons des poémots chantants créoles, dans cette maison "full back", "une grande caye en bois du Nord ou, avec lui, nous entrevivons dans les temps de son antan?

Et je ne vous raconterai pas, ici, l'histoire du Vieux (Rat), ce "vieil ami" qui, un jour, "s'avança avec une sorte de confiance aveugle, ou misérable, ou absente, quelque chose relevant du suicide" ou celle de ces "condamnés à mort" que furent "Souris... Tio-Tio, Héliazord, Maître Popol, Boudin-rivière" mais, surtout, celle de Matador, ces cochons-planche malement tués à la Noël...

Et, puis, je ne vous conduirai pas dans les pas de Man Ninotte,"grande câpresse-chabine", manman-guerrière contre misères et "soucis de survie", "la haute confidente" ni dans ceux du Papa, facteur de métier, dit aussi "le Surnommeur" et qui, protocole de l'année nouvelle oblige, "recevait ses compères... des assoiffés de naissance... philosophes du rhum" -("C'est le foie qui nous sauve, c'est la foi qui nous tue!")-...

Et vous ne saurez rien non plus, hélas!, d'Anastasie la Baronne, grande prêtresse de crèches, celle qui "avai(t) la plus belle chevelure du monde", ni de Marielle, "la soeur seconde", ni de Jojo dont vous saurez seulement qu'il deviendra "l'algébrique", ni même de Paul, "un bougre qui expliquait le monde par la musique"...

Oh! J'aurais pu, bien sûr, vous parler des Syriens et des autres Manmans; de l'arrivée de l'eau; du marché et de ses lois; des saisons, du vent et des cyclones; des parleurs-à-zombis; des rêves "d'un film-cinéma"; des lapins de Man Ninotte, de "ses fleurs en papier, des cent mille effluves des doucettes, du manger... et puis et puis... de tant d'autres ineffables moments à sentir coulés doux en nous...

Oui, j'aurais pu.

(Ô grand conteur, vous m'êtes merveilles et poésie, à l'infini, à l'infini!!!)