Premiere Decennie Adolescence Refusee
de Domino Milot

critiqué par CHALOT, le 29 août 2013
(Vaux le Pénil - 76 ans)


La note:  étoiles
témoignage poignant
« Deuxième décennie
Adolescence refusée »
de Domino Milot
éditions Elzévir
154 pages
1er trimestre 2012
15,90 €

La petite chose

Tout de suite, dès la première ligne, le lecteur ressent la souffrance de la narratrice, une souffrance profonde qui la met à fleur de peau.
Cette enfant, non encore entrée dans l'adolescente est la chose de sa belle mère, marâtre qui la méprise et la maltraite...Le père violent avec sa fille ne voit rien ou fait semblant de ne rien voir....
Domino attend la délivrance....
Il n'est pas question pour cette enfant, devenue adolescente de continuer ses études au-delà de l'âge légal d'obligation scolaire. Elle ira en apprentissage et pas question qu'elle garde pour elle une partie importante de son salaire...Elle n'aura que des miettes.
Mais est-ce de l'adolescence refusée comme l'entend le titre du livre ?
Il s'agit plus d'une maltraitance forte qui commence dès l'enfance et qui devient de plus en plus intense et surtout insupportable pour une jeune fille qui souffre dans son corps et dans sa tête.
Au début du livre et jusqu'au séjour en Yougoslavie qui finira par un cauchemar, le récit est un peu brut, l'auteure mettant à nue son ressentiment, son malheur et son désespoir .
Ensuite, Domino Milot change d'écriture ….Elle raconte et se raconte en prenant le lecteur comme témoin actif ….L'émotion est forte et le suspense est présent.
Comment se sortir de cette « famille » ?
L'apprentissage n'a pas été une libération ou une émancipation, bien au contraire....
Que faire quand on est seule ? Les personnes extérieures à la famille ont bien compris que cette jeune fille était « emprisonnée », détestée par sa belle mère, mai aimée et souvent maltraitée par un père...Elles comprennent...Certaines interviennent et permettent la pause...Une pause oui, c'est bon à prendre mais le lendemain il faut continuer à subir ces insultes, ces assauts, ces rejets de la famille de sa belle mère.
Après l'échec de l'apprentissage, il n'y a plus qu'un salut : c'est le mariage, même si c'est son père qui choisit le futur.(!?)
Rien n'est acquis si ce n'est le changement d'identités de ceux qui l'utiliseront comme leur chose.
Le lecteur ne sort pas indemne de sa lecture....

Jean-François Chalot