Global Boboland
de Charles Berbérian (Scénario et dessin), Philippe Dupuy (Scénario et dessin)

critiqué par Blue Boy, le 28 août 2013
(Saint-Denis - - ans)


La note:  étoiles
Comme des petits canards perdus sur l’océan
Aujourd’hui, tout le monde sait ce qu’est un bobo. Généralement urbain « super cool », connecté, « consommacteur bio » et doté d’une conscience écolo tout en ne s’interdisant pas un peu de tourisme à l’autre bout du monde, mais du tourisme « responsable », histoire d’oublier que le voyage en avion risque de faire exploser son empreinte carbone. Le bobo, surtout, c’est toujours l’autre et bien entendu jamais soi-même… Après « Bienvenue à Boboland », les deux compères Dupuy & Berberian reprennent les mêmes ingrédients, mais cette fois, on quitte Paris intra-muros pour découvrir le monde, sans évidemment passer par la case « banlieue »…

C’est avec délice que j’ai retrouvé les « Boboland » et une fois encore je me suis bien marré ! Enfin quand je dis « marré », c’est plus intérieurement car l’humour est très acide et ne plaira pas forcément à tout le monde. En fait, ce n’est pas hilarant, c’est juste jubilatoire. Ce tome est d’ailleurs encore plus désabusé que le précédent, avec une légère ombre d’anxiété en arrière-plan. Il y est question de suicide, du fameux continent de plastique dans le Pacifique, d’hommes de pouvoir cyniques (Alban Ninque = contraction de « Minc (Alain) » et de « nique » ?) à l’opposé des « gentils » bobos, qu’ils soient hyper connectés ou décroissants. C’est donc un humour désespéré mais comportant de belles trouvailles, certaines scènes valant largement le détour : les vacances dans une yourte mongole, le « Chevreuil du Bénin », ou le type paniqué qui vient de faire ses emplettes chez Gap et se retrouve dans une capitale différente chaque fois qu’il ressort du magasin…

Comme pour « Bienvenue à Boboland », le trait minimaliste assez classe (et d’ailleurs un peu bobo sur les bords) correspond bien à l’état d’esprit de la bédé.

Ce n’est ni un pamphlet anti-bobo (Dupuy et Berberian ne militent pas au FN à ce que je sache), ni anticapitaliste. C’est juste une moquerie douce-amère de deux gentlemen anxieux vis-à-vis d’un monde de plus en plus mal en point et aveuglé par sa propre décadence.