Dora
de Betsy Tobin

critiqué par Bluewitch, le 26 avril 2003
(Charleroi - 44 ans)


La note:  étoiles
Où est le cavalier sans tête ?
Nous nous trouvons dans un petit village anglais isolé, à une époque non déterminée mais qui doit probablement se situer au 17e ou 18e siècle. La hantise du péché et de la sorcellerie plane encore sur ses habitants. L'ambiance est grise. Surtout lorsqu’on retrouve Dora, la femme au « grand ventre », morte dans un ravin où, suppose-t-on, elle a fait une chute accidentelle.
Dora, arrivée plusieurs années auparavant dans leur bourgade, prostituée aux multiples grossesses , était considérée comme faisant partie intégrante des villageois et sa chaleur, son assurance lui valaient l’admiration de nombreuses personnes.
La narratrice, jeune fille dont la mère est sage-femme et avait une relation proche avec Dora, ne peut se contenter de ce vide sans explication et se décide à en savoir plus. Auprès de « Long Boy », par exemple, le fils unique de Dora. Ou de son employeur, le maître bossu de la Grande Maison.
Bien vite, le corps de la victime est volé pour finalement être retrouvé, éventré, le fœtus qu'elle portait ayant disparu… Avec l’aide d'un peintre à qui son maître a demandé de reconstituer une miniature de Dora, La jeune fille va tenter de percer ce mystère et de suivre les pas de cette femme qui soulève bien des ardeurs.
C'est la folie puritaine de l'époque, le déferlement des accusations de sorcellerie, d’étrangeté. Une affaire digne des sorcières de Salem…
Bref, un récit sombre et parfois attirant mais qui baigne tout de même trop dans les clichés du genre. Une victime mystérieuse qui déchaîne les passions vivante et morte. Un village, où tous se connaissent mais pourraient craindre quelque sombre secret, qui gravite autour d’une demeure inquiétante dont le maître, bossu et solitaire, et sa mère, une vieille excentrique, vivent dans le souvenir d'un homme cruel.
C’est distrayant, ça se lit vite, heureusement. On verrait bien Tim Burton y ajouter une petite dose de surnaturel et en faire un film, dans la lignée de « Sleepy Hollow »…
Mais voilà, je suis un peu restée sur ma faim, on s'en doute. Le dénouement, nettement malsain, se suggère facilement, et la construction du roman est un peu trop linéaire. Faut-il ajouter quelque chose de plus ? Un récit historico-policier dont la sauce suspense est un peu fade. Un roman fast-food qui ne semble pas trop mauvais mais s'oubliera sans doute bien vite après sa digestion…