Saint-Sépulcre !
de Patrick Besson

critiqué par Guigomas, le 27 août 2013
(Valenciennes - 55 ans)


La note:  étoiles
Kaamelott sur Seine
Saint-Sépulcre ! (le point d’exclamation fait partie du titre, et c’est étonnant car du coup ça ressemble à une insulte, à une interjection canadienne ou à un cri de guerre ce qui est le plus probable), Saint-Sépulcre ! (qui selon la tradition Chrétienne renferme le tombeau du Christ à Jérusalem), Saint-Sépulcre ! donc, est un roman médiéval moderne, une sorte de chanson de geste adaptée pour le prime time. On y copule beaucoup avec des putains ou en famille, on y dégomme moult sarrasins, on y brûle des hérétiques et on y meurt à tombereaux. Bref, le moyen-âge édenté et crasseux, aussi empli d’effroi qu’un jeune enfant dans le noir.

Dans le Paris d’alors, ce coupe-gorge insalubre, Richart l’enfant de bourgeois, Bénodet le poète et jongleur, Gile le chevalier Templier et Louis le roi, obsédé par Jésus, la sainteté et sa maman, vont partir en croisade pour des raisons diverses. Pour les trois premiers, c’est lié à une femme, Edelinne, alias Grassou, alias la Pouliche, jeune palestinienne ramenée par Gile d’une croisade précédente et oubliée dans un bordel parisien.

On peut s’étonner de voir Besson, réputé auteur « intelligent », véhiculer tant de clichés sur une époque que les historiens tentent de réhabiliter. Mais Besson l’intelligent est aussi un provocateur un rien cynique et Saint Sépulcre ! a un petit côté défouloir… Cela dit, ses descriptions du Paris d’alors sont intéressantes et vivantes, de même ses évocations des croisades et du royaume de Jérusalem, de la prise de la ville en 1099 par Godefroi de Bouillon (narrée par Bénodet) à la perte de Saint Jean d’Acre en 1291. Et puis il sait nous tenir en éveil par la maîtrise de ses personnages, son style vif et ses réflexions à l’emporte-pièce.