Un capitaine de quinze ans
de Jules Verne, Charles Barbant (Dessin), Henri Meyer (Dessin)

critiqué par Bookivore, le 17 mai 2014
(MENUCOURT - 42 ans)


La note:  étoiles
Un très bon Jules Verne
Abordant essentiellement le douloureux sujet de l'esclavage, de la traite des Noirs, "Un Capitaine De Quinze Ans" est un très bon roman du grand, de l'immense, que dis-je, du géantissime Jules Verne.

Certes moins connu que, par exemple, "20 000 Lieues Sous Les Mers" ou "Voyage Au Centre De La Terre", ce roman assez épais (550 pages) faisant, comme pas mal d'autres oeuvres verniennes, partie des "Voyages Extraordinaires", est un cru des plus savoureux. On y voyage en compagnie de Dick Sand, 15 ans, un jeune novice qui, par un coup du sort (le naufrage, sur une chaloupe alors qu'il était parti chasser une baleine, du capitaine (et de son second) du bateau 'Pilgrim'), se retrouve maître à bord du 'Pilgrim'. Un autre coup du sort (qui n'en est pas vraiment un, en réalité...) fait que le 'Pilgrim' va dériver alors que Dick pense en tenir le cap. Le bateau, un soir de tempête, s'échoue...

Sens du rythme typiquement vernien, personnages intéressants et eux aussi typiquement verniens (l'enfant attendrissant, le jeune héros vaillant, le fourbe, le scientifique obnubilé par sa passion et quelque peu distrait, la brave femme, l'animal de compagnie qu'il faut à tout roman de Verne digne de ce nom, etc), "Un Capitaine De Quinze Ans" est vraiment un bon cru. Pas mon préféré de Verne, pas le meilleur non plus, mais si vous aimez cet auteur, il fait partie des romans à lire, pas en premier lieu, mais pas à lire en dernier non plus !
Gardez le cap ! 8 étoiles

Dans la foulée de Bookivore, je recommande ce Verne moins connu et pourtant attachant, notamment parce qu'il est effectivement un pamphlet anti-esclavagiste.
Non, ce n'est effectivement pas le meilleur (moi, j'ai fait plusieurs fois le voyage à Irkoutsk avec Michel Strogoff et Nadia...), mais il tient la route (mieux que le bateau sur lequel sont embarqués les héros).
A savoir cependant que Jules Verne a rarement été à ce point didactique. Vous apprendrez tout sur la manière de conduire un voilier, sur la flore, sur la faune, sur les mœurs des autochtones (non, on n'est pas en mer tout le temps, loin de là).
« Un capitaine de quinze ans » est, en 1878, le vingtième livre de l'auteur (sur 62 au total...). Ses plus grands succès sont déjà écrits. Il faut bien se rendre compte que Jules Verne publie en moyenne un livre par an, et certains sont de sacrés pavés. Si quelqu'un a eu droit à la crampe de l'écrivain, c'est bien lui.
Revenons à notre jeune capitaine.
L'une ou l'autre citation peut-être ?
« Le plus ordinairement, les voyageurs ou coureurs des bois qui ont dormi dans les forêts à la belle étoile sont réveillés par des hurlements aussi fantaisistes que désagréables. Il y a de tout dans ce concert matinal, du gloussement, du grognement, du croassement, du ricanement, de l'aboiement et presque du « parlement », si l'on veut bien accepter ce mot, qui complète la série de ces bruits divers ».
Et moi, je ne peux pas m'empêcher de penser que Verne devait, avec ce « parlement », être assez content de sa blague.
Une autre.
Verne décrit tous les travaux auxquels sont astreintes les femmes dans une région sauvage. Puis « pendant ce temps, les hommes fument le tabac ou le chanvre (...) ». Verne féministe avant la lettre ?
Et enfin cette curiosité : « On faisait du feu en faisant tourner un bâtonnet dans une baguette de figuier sauvage, à la mode indigène, ou même à la mode simiesque, puisqu'on affirme que certains gorilles se procurent du feu de cette façon ».
« On » affirmait vraiment ça en 1878 ?

Bolcho - Bruxelles - 76 ans - 26 juin 2014