La classe de rhéto
de Antoine Compagnon

critiqué par Vince92, le 22 novembre 2013
(Zürich - 47 ans)


La note:  étoiles
Une année de formation
A la suite du décès de sa mère, Antoine Compagnon et le reste de la fratrie sont dispersés aux quatre coins de la France pour poursuivre leur formation.
Double déchirement pour le futur professeur au Collège de France, la séparation d'avec son noyau familial et la séparation d'avec l'Amérique dont il avait adopté les moeurs et la libéralité. Le jeune Compagnon est envoyé en classe de première, la fameuse classe de rétho, au Prytanée Militaire de La Flèche (dont le nom n'est curieusement jamais mentionné). Le choc est rude, car à cette époque, les Institutions de ce type restent marquées par la tradition malgré les revers de l'armée au cours des guerres de décolonisation et l'évolution de la société en général (le récit sur situe dans les années 60).
Univers fermé, viril, injuste, dur, l'auteur se souvient avec douleur de cette année... frustration née d'un encadrement borné, de la discipline militaire qu'il subit...
Cependant, avec le recul, Antoine Compagnon reconnaît que cette année de formation aura sans doute été une année décisive, celle où il s'est forgé des amitiés solides, celle durant laquelle il comprendra les règles qui régissent les rapports humains, les rapports de force. Tous ceux qui sont passés par ce genre d'Institution reconnaitront sans doute une expérience similaire: une atmosphère particulière, hors du temps, mais une expérience irremplaçable, assurément.

Voici donc un roman, oui, un roman car l'auteur avoue pallier ses absences de souvenirs par des épisodes imaginés, qui se distingue de la (sur-)production actuelle par la relative pureté de sa langue... de plus, le thème m'intéresse au plus haut point. Ces deux aspects auraient pu faire de ce livre le livre de l'année pour moi si certaines des conclusions de l'auteur ne m'avaient pas hérissé le poil.