Être et Temps
de Martin Heidegger

critiqué par Jean Ghislain, le 14 août 2013
( - 51 ans)


La note:  étoiles
L'existentialisme heideggérien.
Heidegger est un philosophe allemand contemporain qui a d'abord eu une formation de théologien puis s'est tourné vers la philosophie, et en particulier la métaphysique. Il faut noter qu'il a eu une grande renommée de son vivant, ce qui est rare pour les philosophes. Son œuvre maîtresse est "Etre et Temps". La thèse qu'il développe est la suivante.

L'homme est dans la non-vérité, il passe son existence à se préoccuper de son quotidien, en utilisant au mieux le monde ambiant dans lequel il est plongé, sans pouvoir se projeter librement. Heidegger emploie alors le terme de dévalement, « être-jeté », ce qui veut dire qu'il occupe une position existentielle incorrecte par rapport à ce qu'il pourrait se résoudre de faire de sa vie. Il est donc en faute, et par moment, quand il prend conscience de cet état, vient l'angoisse. Mais surgit aussi à travers l'angoisse l'appel à vivre enfin de façon authentique.

Sartre interprète alors ce dévalement comme une mauvaise foi qui nous maintient dans le contentement d'une existence qui nous échappe. La soumission au destin ou essentialisme doit être dépassé par l'existentialisme, qui consiste à agir librement pour diriger notre vie. Il faut noter que Heidegger se défend d'être existentialiste, qui n'est qu'une simplification de sa philosophie.

En effet, si Heidegger part bien de l'Homme et de son existence, l'essentiel de sa philosophie repose en revanche sur une question métaphysique : la question de l'être. Pour lui, être, ce n'est pas simplement être-là-devant (exister), ou être-avec (vivre en société). Car l'Homme a cet avantage d'avoir un monde, d'être-au-monde (d'agir), alors que les animaux sont pauvres-en-monde, et que la simple matière est dépourvu de ce lien-au-monde. Pour Heidegger, être c'est avant tout être-au, et donc aussi le mode selon lequel l'Homme est-au-monde.

Or l'Homme peut très bien ne pas être-au-monde tel qu'il pourrait l'être. Car il est dans la léthé, c'est-à-dire dans le retrait, la non-vérité. C'est que l'être se retire, ce qui pourrait être passe dans l'oubli. Mais ce qui est oublié ou en retrait peut très bien resurgir. Cette résurgence passe alors par l'angoisse devant la finitude de la vie, de la prise de conscience que la mort peut prendre à tout moment. Devant cet effroi, l'Homme peut alors réagir par la résolution de vivre à temps, comme dit Nietzsche, de ne pas être trop vieux pour ses victoires...

À travers son œuvre, Heidegger nous invite à prendre part entière à notre vie, et pour cela à questionner le fond de notre existence. Le but étant tout simplement de vivre sa vie, ce qui, semble-t-il n'est finalement pas si simple qu'il y paraît.