Histoires Saintes
de Carole David

critiqué par Libris québécis, le 16 avril 2003
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
Le Défilé de l'horreur humaine
Histoires saintes n'est pas l'oeuvre à lire pour la fête de Pâques. Quoique... La sainteté véhiculée ne tient qu'à un nom de rue, à un soi-disant miracle comme peut en produire l'usage des hallucinogènes. En fait, ces nouvelles tournent en dérision le quotidien rempli de petites horreurs.
Dans Le Massacre de la Saint-Valentin. l'héroïne handicapée est laide, et la bouffe offerte n'a rien à envier au Kraft Dinner. On sent tout de suite le ridicule de la situation, surtout quand on célèbre le saint patron des amoureux. Ailleurs, le patron se nettoie le nez d'une main experte et replace son appendice reproducteur de l'autre, plus loin, on achète vidéo et autres gadgets à la mode que l'on retourne après le temps des fêtes. Les douze nouvelles figent les étrangetés des moeurs des gens ordinaires, devenues des banalités. Leurs habitudes de vie sont parfois plus tristes que certains mélodrames, comme ce couple qui quête dans les rues pour se payer un drink dans un bar, où les discussions alimentées à l'alcool deviennent parfois si explosives qu'elles doivent être désamorcées par les policiers.
L'auteure s'attache au quotidien des victimes de la peur, de la violence, des abus sexuels et de la pauvreté. Les bien-pensants s'en lavent les mains, mais souvent les rejetons, qui en ont assez de la vie factice de leurs progéniteurs, font croître le nombre des participants au défilé de l'horreur humaine au coin des rues Ste-Catherine et St-Laurent. Dans une langue simple, l'auteure fait ressortir les dernières braises de vie pour que l'on s'allume aux conditions humaines, qui sont loin d'être des histoires saintes. Malgré le parti pris pour les «loosers», il me semble que ça manque quand même d'émotions. On dirait la démonstration d'un CQFD.