Pierre Tombal, tome 01 : Les 44 premiers trous
de Raoul Cauvin (Scénario), Marc Hardy (Dessin)

critiqué par Kalie, le 8 août 2013
(Sarthe - 54 ans)


La note:  étoiles
Rire de la mort et mort de rire
Cette série apparue au début des années 80 raconte le quotidien de Pierre Tombal, le bien nommé, fossoyeur de son état. Une pelle à la main, une cigarette au bec, une casquette vissée sur la tête, il creuse des tombes pour enterrer les morts. Mais dans son cimetière, la mort ne s’arrête pas là. Pierre Tombal doit gérer les lubies des visiteurs mais aussi les excentricités post-mortems de ses pensionnaires.

Dans ce premier album, les gags d’une page sont tous drôles. Les auteurs évitent même le côté répétitif du sujet. Il faut dire qu’entre les dernières volontés des défunts, les exigences des héritiers et les manies des amis, il y a matière. Au détour d’une case, Cauvin et Hardy se permettent des clins d’œil sympathiques comme ces tombes à leurs noms. Quelques gags pris au hasard :

- Dans le cimetière, un petit vieux croise une multitude d’araignées qui se dirigent vers un lieu unique. Effrayé, il va voir notre fossoyeur. En fait, les petites bêtes se rendent toutes sur la (magnifique) tombe de… Spiderman.
- Devant les tombes de Blanche-neige et les sept nains, Pierre Tombal épuisé déclare à un témoin « Notez que je n’ai pas encore trop à me plaindre ! J’ai un copain qui a enterré Ali Baba avant-hier… ».
- Au fond d’un trou, notre fossoyeur réceptionne un à un des petits cercueils (jambes, bras, estomac, foie, amygdales, gros intestin). Furieux, il explose et demande à ce que la personne soit enterrée en une seule fois. Son interlocuteur répond : « Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir ». Pierre Tombal de conclure : « Vous voulez que je vous dise : moi, l’acharnement thérapeutique, je ne trouve pas ça humain… ».

Au commun des mortels (riches ou pauvres) et aux personnages fictifs (Dracula, Popeye, Hulk, Spiderman…) s’ajoutent beaucoup d’animaux (de la puce à l’éléphant). Le rire laisse parfois place à l’émotion. Par exemple, lorsqu’entre la sépulture grandiose presque pharaonique d’un PDG et celle misérable (une simple croix en bois) d’un courageux travailleur, Pierre Tombal remet les pendules à l’heure… à sa manière.

Les dessins d’Hardy évolueront peu dans les prochains albums. Les bases de la série sont déjà bien présentes. Cependant, de nouveaux personnages (des confrères de Pierre Tombal) viendront progressivement enrichir la série. La bande se réunira au bistrot du coin où nos travailleurs de l'ombre partageront leurs souvenirs (professionnels) les plus cocasses. A noter dans ce premier album, l’apparition de l’épouse (plutôt rondelette) de notre fossoyeur. Il semblerait que ce personnage ait été abandonné par la suite.

En dédramatisant un sujet tabou, cette BD fait vraiment du bien.