Avignon à vie
de Pascal Rambert

critiqué par Pucksimberg, le 28 juillet 2013
(Toulon - 44 ans)


La note:  étoiles
Une magnifique déclaration d'amour au festival d'Avignon !
Eblouissant, lumineux et excitant !

Pascal Rambert a construit un long poème, moderne et saisissant, en l'honneur du plus grand festival de théâtre initié par Jean Vilar.

Ce texte est né d'une commande de France culture et ce poème a été lu par Denis Podalydès en 2001.

Pascal Rambert part de Paris pour gagner Avignon en TGV. Et c'est ce trajet qui permettra à l'artiste aux multiples facettes de parler de cette ville du Sud, de sa relation avec le festival, du climat qui y règne, de sa jeunesse et de ses amours ... Les grands figures théâtrales sont évoquées : Vilar, Vitez, Chéreau, Py, Régy ... De marquants spectacles sont aussi convoqués avec leurs extravagances. Rambert nomme les principaux épisodes qui ont marqué l'histoire du festival : annulation de celui-ci en 2003, principaux comédiens qui ont contribué à donner chair à ces spectacles vivants, émergence du off. Et puis il y a la cour d'honneur ! Ce cadre magique, prestigieux, immense, minéral qui fait rêver et qui devient en même temps pour le metteur en scène une contrainte dont il faut tenir compte pour chaque spectacle.

Parallèlement à ces évocations enivrantes pour tout amoureux de ce festival, Rambert décrit son voyage en train, les voyageurs comme cette jeune fille gothique qu'il observe, les paysages dont cette Bourgogne qui le fait peu rêver, son immersion troublante dans un tunnel ... Son style est musical, métaphorique et sensuel.

Ce texte est magnifique et possède un pouvoir évocateur remarquable. Certaines répétitions et l'absence de ponctuation significative parfois permettent de donner de la force au discours et de mieux suivre le mouvement de la pensée de Pascal Rambert.

"Ces salles qui hululent souvent croassent
Remuent éternuent sous le vent cette poisse
Ce don c'est selon indispensable mistral
Qui emporte vos voix ou les porte cheval

Tonitruant grimpant jusques aux derniers rangs.
Visages sublimes. Gorges coupées. Corps nus.
Joie toute nouvelle ou esprits abattus.
Poitrines vertes. Déchirées. O bouches de sang.

Je vous vois depuis la vitre du TGV.
Dans le ciel. Les arbres. Les ruisseaux. Les forêts.
Je vous vois tous et tous ceux que je n'ai pas vus
O Avignon lieu où vivent les disparus."

Une ode pour tous les amoureux du festival d'Avignon et du théâtre.