Un nom dur à porter
de Anne-Marie Mitterrand

critiqué par Jules, le 10 avril 2003
(Bruxelles - 79 ans)


La note:  étoiles
Un éclairage un peu différent...
Anne-Marie Mitterrand est une des nièces par alliance de l’ancien président. Elle a déjà écrit quatre livres dont deux publiés chez Fixot et deux chez Albin Michel.
Elle nous raconte ici les difficultés qu’elle a pu rencontrer dans sa vie privée et professionnelle qui étaient dues à son nom de famille. Elle a épousé Olivier Mitterrand, frère du président, bien avant que ce dernier ne soit élu la première fois.
Tout d’abord elle va nous décrire les difficultés familiales provenant d’un côté comme de l'autre. Pour ses parents, bons bourgeois français, une alliance avec un Mitterrand, chef du parti socialiste, semblait impensable ! Non seulement grands bourgeois, sa famille est aussi des plus catholique. Elle nous décrit, avec brio, un dîner rassemblant son clan. Cela ressemble davantage à une réunion de bigots qu’autre chose ! Il y a même un des hommes qui prétendaient ne pas rester dans la même pièce qu'une femme divorcée !…
Quant aux Mitterrand, ils n’appréciaient en rien cette grande bourgeoisie.
Une fois élu, pour les gens de la rue, son nom va lui attirer les injures des uns et les suppliques des autres. Chacun veut connaître les détails croustillants de la vie du Président et n’aura de cesse que lui poser des questions à ce sujet. Comme elle le dit si bien, « Les Français adorent soulever les couvertures pour réfléchir à l’avenir de la patrie. ».
Mais, une fois le Président décédé, c'est le grand défoulement et les injures ou mises en causes personnelles viendront de tous les côtés !.
On ne peut pas porter un tel nom sans assumer les fautes de celui qui en a été le membre le plus marquant !.
C n'est pas dans ce livre que vous trouverez des détails croustillants, mais plutôt une certaine rage. Celle qui provient de l’injustice de ses concitoyens mais aussi celle accumulée contre « l'oncle François » pendant quatorze années de gestion socialiste. Là, Anne-Marie Mitterrand se déchaîne tout autant que contre son milieu catholique bien pensant. Sa description de la ruée des socialistes sur le pouvoir comme une nuée de souris sur un fromage est assez prenante et désolante ! Chacun court après les avantages, les prébendes. La compétition est à celui qui fera le plus de frais dans les grands restaurants, chez son tailleur (découvert tout récemment), pour celui qui aura la plus belle voiture de fonction, le chauffeur, la nurse pour les enfants et qui mettra ceux-ci dans la meilleure, et la plus chère, école privée.
Et le Président laisse faire… L'arrogance des nouveaux venus est aussi sans limites, au point que l'on ne manque pas de se demander quels sont les charmes cachés de certains (plutôt certaines) ministres pour pouvoir se permettre autant de grossièretés.
Quant à François Mitterrand, elle ne manque pas de souligner ses qualités : cultivé, charmeur, fin, terrible débatteur, poli etc. Mais elle clôture cette liste par cette phrase : « Avec tous ces atouts, il était bon pour le prix Goncourt, l’Académie, le Nobel. Par pitié, n'aurions-nous pu lui épargner la présidence de la République ! »
Pourquoi ? Tout simplement parce qu’elle nous dit qu'il n’avait jamais travaillé, travaillé dans le sens « gagner de l'argent » Qu'il n’avait aucune notion de l'argent, ni de la gestion comme de l'économie. Pour ne rien arranger, il était tout sauf un homme de terrain. Il n'avait, toujours selon elle, aucune idée de ce que ses concitoyens devaient faire pour gagner leur argent !… Un président dans sa bulle qui écoute ses technocrates… Enfin, elle nous dit, avec amertume, que les Français sont ce qu’ils sont à savoir : des gens qui ont une haine contre ceux qui ont de l’argent quand eux-mêmes n'en ont pas et n'ont aucun respect pour ceux qui en gagnent. Allons-y donc pour les tondre, ils ne méritent pas mieux ! Et tous de se ruer sur les « droits » royalement accordés par le pouvoir aux frais de ceux qui s'échinent pour payer leurs impôts. Dans un tel pays, l'effort est plus que très mal récompensé, tant matériellement que par le statut. Mais qui restera pour payer « les avantages » ?
Et Anne-Marie Mitterrand de nous rappeler la citation faite par de Gaulle : « Le désir du privilège et le goût de l’égalité, passions dominantes et contradictoires des Français de toute époque. » Elle précisera encore sa pensée avec Abraham Lincoln « On ne peut aider le salarié en anéantissant l'employeur. »
Un livre qui nous donne une certaine vision du personnage et de son règne.