Comment voulez-vous que j'oublie - Madeleine & Léo Ferré 1950-1973
de Annie Butor

critiqué par Provisette1, le 27 juillet 2013
( - 12 ans)


La note:  étoiles
Poète!...Et la vérité?
Voilà déjà plusieurs jours que j'ai terminé la lecture de ce témoignage d'Annie Butor, fille de Madeleine Rabereau qui fut la seconde épouse de Ferré.

Bien qu'ayant pris beaucoup de recul avec le poète après l'écoute et la lecture de son "Salope" que je vous engage à lire plutôt qu'écouter et qui m'avait totalement "assommée", ce récit des dix-huit années communes du couple et de "leur" fille- il la considérait comme sienne- m'a beaucoup plus qu'émue: j'en suis "ressortie" bouleversée, anéantie parfois.

Bouleversée par tous les reniements, les mensonges, la haine des femmes, la lâcheté, la mauvaise foi de cet homme.

"Commediante. Tragediente. Dire que j'aurais mis tant de temps à m'en rendre compte. Il pouvait être fastueux ou sordide, sa bonté était intermittente, son coeur sélectif, sa mauvaise foi colossale. Il a voulu mettre à la poubelle son passé. Il a soigné sa légende de poète maudit, crié d'autant plus fort qu'il a cherché à cacher la vérité. Il a fait de sa haine son fonds de commerce."...

Mais, mais, il reste ainsi que l'écrit Annie Butor: "Il est celui qui a marié la musique à la poésie comme nul autre, celui grâce à qui beaucoup ont reçu ce supplément d'âme qui aide parfois à vivre".

Il m'est indispensable de préciser que ce récit, ce témoignage n'est pas un "règlement de comptes" personnel: elle n'a voulu à travers ces mots que "tenter de rendre justice" à sa mère mais aussi à "leur passé qui fut aussi le (sien)", rendre la place qu'elle mérite à cette mère, celle qui " lui a consacré sa vie avec passion", celle pour laquelle il avait écrit "qu'on puisse dire un jour/... Qu'il n'a aimé qu'elle", celle qui fut "absolument démolie et désespérée" par cette rupture brutale, celle qui a partagé tant d'années la vie de Léo, de Ferré.

"Madeleine est l'autre pouls de moi-même" a-t-il dit, un jour...

Et Annie Butor écrit fort justement à la fin de son livre ce que l'on ne peut que ressentir profondément soi-même en le terminant:
"Avec le temps, j'aime encore Léo malgré tout, sentiment paradoxal fait de tendresse et de rancune. "Il faut du temps à l'absent pour prendre sa vraie forme en nous. Il meurt, il mûrit, il se fixe.". Alors ce temps remettra tout en place, c'est mon espérance".

Si vous aimez Ferré, lisez ce livre.
L'envers du décor 8 étoiles

J'ai mis du temps à me décider à lire ce livre que Provisette m'a gentiment prêté. La trouille, peut-être, de découvrir l'envers du décor, les travers de Léo Ferré, une vérité qui n'est pas agréable à entendre. Et ce fut le cas. Je suis très déçue, non pas par l'ouvrage d'Annie Butor, qui a été écrit pour rétablir la réalité et réhabiliter Madeleine, cette femme qui a tout donné à ce génie, qui a tout supporté, géré, organisé afin qu'il ne puisse consacrer sa vie qu'à créer.

Je suis déçue par le bonhomme, sacrément, je n'imaginais pas prendre une telle claque. Certes, il n'aura pas été le seul artiste à faire vivre un véritable enfer à son entourage, mais doit-on tout excuser au titre de l'oeuvre, uniquement ? "Avec le temps", peut-être...

Nathafi - SAINT-SOUPLET - 57 ans - 23 novembre 2014