Du côté de Pondichéry
de Dominique Marny

critiqué par Gilou, le 9 avril 2003
(Belgique - 76 ans)


La note:  étoiles
Atmosphère épicée...
Histoire d’amour tout en ambiance intimiste de Juliette et de Manon. A Pondichéry (Inde) , Juliette y est née et s’y trouve bien ; entre un père aimant et riche, et une belle-mère un peu… intrigante.
Manon, quand à elle, a fait l’héritage d'une maison, est mariée et maman d'un garçon. Elle aime le pays mais vient seule à Pondichéry pour régler cet héritage.
La vie est rythmée par les saisons (moussons, sécheresse, cyclone). Bref, pour les femmes en ces temps-là, pas grand-chose à faire à part s'ennuyer fermement.
Les distractions sont rares mais bienvenues. Les potins, les mariages arrangés, les cancans et les intrigues amoureuses sont courants. Les maris trompés (cocus contents) préfèrent brasser les affaires et l'argent que de s'occuper des états d'âmes de leurs épouses.
Être loin de leur pays donne aux personnages l’impression d'être toujours en représentation. Bals, thé, promenade au coucher du soleil. Séjour à la campagne afin d'y respirer l’air un peu plus pur qu'en ville. La belle vie pour ceux qui supportent ce climat.
Voilà le côté romance de ce livre.
Pour le côté historique, Dominique Marny (ne se cantonne pas à l’intrigue amoureuse de ses héros) décrit aussi avec beaucoup de détails, les paysages fabuleux de Pondichéry, les lumières, les senteurs, l'historique des temples et croyances, mais aussi la vie des indigènes, de leur pauvreté et de leur misère. Leur attachement aussi aux personnes qu'ils servent avec dévouement. Le logement et le couvert sont pour eux une sécurité.
Il y a aussi hélas des négriers, ils ne sont pas non plus encensés par l’écrivain.
Bref, un livre qui renferme tous les éléments d'un bon roman. Cet auteur nous procure à la fois la détente et nous fait connaître, par l’histoire de ces colons, l’importance du négoce des comptoirs français en Inde au XIXe siècle, ainsi que les environs de Pondichéry.
L'ambiance et une certaine atmosphère de moiteur du sud m'a fait penser à Marguerite Duras. Elle aussi savait bien reproduire tout ça dans certains de ses récits.