Le mausolée des amants : journal, 1976-1991
de Hervé Guibert

critiqué par Nothingman, le 29 mars 2003
(Marche-en- Famenne - 44 ans)


La note:  étoiles
Journal de vie et de mort.
"Maintenant, j'ouvre le cahier et je le laisse ouvert, exposé" Hervé Guibert est mort il y a une dizaine d'années et ce Mausolée des amants est le journal de sa vie.Ce journal a été publié en 2001 par sa veuve.
Ce récit est un journal provocant et émouvant d'un homme qui a dû vivre avec la pensée de sa mort future.Hervé Guibert était atteint
du SIDA et en est décédé en 1991. Ecrire pour survivre, une lucidité exemplaire; ce journal recèle des réflexions à la fois pathétiques et ironiques sur une mort prochaine.Ainsi, ce passage provocant: "En quittant T.,sortant du laboratoire où nous avons fait le test, je pensai: quelle souffrance, mais, en fouillant bien au fond de moi, il me fallait ajouter: quel pied tout ça".
Un récit d'amour surtout pour un homme T. qui a partagé sa vie et celle de sa femme C.. C'est l'histoire impudique de ces trois personnes qui nous est contée. Un journal où toutes les références aux noms propres et à la temporalité sont éludées.Ce qui est bizarre somme toute pour ce type d'écrit. Une famille spéciale, vivant en dehors des conventions, et où les deux hommes sont infectés. Il est parfois dur de lire ce journal qui nous montre le quotidien d'un homme et d'une famille vécu avec cette terrible maladie, ce fléau exterminateur.
Ce sont aussi des notes sur des amours impossibles, le sexe, l'homosexualité, la technique d'écriture, la famille,la maladie et surtout la peur de mourir !Un journal qui se veut témoignage posthume. "Quand il m'arrive de relire ce journal, j'ai déjà une impression posthume" dit-il!Un homme qui croise l'existence des autres comme un fantôme. Il s'agit d'un journal écrit sous forme de petits passages qu'on peut ouvrir au gré des pages, toute référence temporelle étant supprimée.
Récit d'une vie passée en dehors de la norme et de la morale. "T. a pleuré dans mes bras, sur mon lit, c'était pire que la suffocation que j'ai eue à l'endroit du coeur après qu'on m'a troué un poumon avec une seringue."