A la Vieille Parque, précédé de Libères
de Jude Stéfan

critiqué par Septularisen, le 30 juin 2013
( - - ans)


La note:  étoiles
UNE POÉSIE UNIQUE
Ce recueil nous propose une poésie difficile d’accès, une œuvre complexe, toute en clair-obscur, hermétique au premier abord, mais, qui devient d’une limpidité étonnante une fois qu’on en a saisi le rythme et compris où placer les débuts et les fins des phrases, ainsi que les césures.

C'est une poésie qui ne peut en effet s’enfermer dans aucun style, aucune formalité, aucune règle métrique ou autre, aucune rime, aucun sens…
Il n’y a que les mots qui comptent ici, il faut lire les poèmes et en retirer soi-même l’essentiel selon son vécu, son expérience, sa maturité, son âge, sa vie…

On ne peut en effet qu’être surpris par des poésies où le titre apparaît… en dessous du poème! Qui plus est, entouré de parenthèses...
Comme si l’auteur, dans sa modestie, n’avait surtout pas voulu nous influencer dans notre lecture de ses poèmes, ne pas nous envoyer sur une «fausse piste» à cause du titre, et nous laisser faire, nous-même, notre propre idée sur la signification du poème que nous sommes en train de lire.

Comme souvent chez Jude STÉFAN ce recueil est construit en plusieurs parties (ici trois pour «Libères» : « Vingt-deux invocations pour temps de disgrâce»; «Litanies de l’amour», et «Redévotion aux ifs», et cinq pour «A la Vieille Parque» : «Dédicaces à la Parque» ; «Dix Hommages» ; «Titres» ; «Odes à Pascin» et Stygiennes».)
Les différentes parties renvoyant, de façon plus ou moins évidente, les unes aux autres. On y retrouve les noms de personnes proches de l’auteur ou les noms de dieux de la mythologie, de musiciens, d’écrivains et de peintres que l’auteur apprécie particulièrement, sans doute pour et par les ressemblances entre son œuvre et les leurs…

Mais, laissons à présent la parole au poète dont je vous propose ici un poème repris de «Litanies de l’amour», la deuxième partie de «Libères» et qui je dois le reconnaître est la partie que j’ai le plus aimé dans ce recueil :

Serveuse à l’œil de mes chairs aigu tes
chairs aussi plaisent pour ta gorge bell-
iqueuse si coquette croupe et ton
chignon d’enfant blonde comme ta toison
dorée si le soir mutine tu t’étends
aux baisers sursautant quand tu te
voulais servant aux oisifs dans le jour
si pincée.
(Saint Martin partageant son manteau.)

Il est des poètes, comme de certaines poésies, qui mériteraient d’être bien plus connus et appréciés qu’ils ne le sont…. Jude STÉFAN est, malheureusement pour lui, de ceux-ci... Je pense quant à moi que le Normand est sans doute plus grand poète français vivant à l'heure actuelle, (et sans doute il récuserait immédiatement ce "titre"!...) et qu'il faut très vite découvrir sa merveilleuse poésie!...

Jude STÉFAN a reçu le Prix Max-Jacob de poésie en 1995 et le Grand Prix de Poésie de la Ville de Paris en 2000.