Le brise-coeur
de Susan Howatch

critiqué par Ellane92, le 26 juin 2013
(Boulogne-Billancourt - 49 ans)


La note:  étoiles
que celui qui n'a jamais péché...
Après les évènements relatés dans "Passion noire" et la fin prématurée de son mari, Carter Graham (qui se fait à présent appeler Carta) a stoppé ses activités lucratives d'avocate de la City pour mener une campagne de recueil de dons pour la paroisse de Saint-Benet-by-the-Wall. Il faut dire que ses membres, et notamment le très charismatique pasteur Nicholas Darrow, l'ont soutenue lorsqu'elle était à deux doigts du désastre.
De fil en aiguille, de rencontres avec d'ex-connaissances du monde des affaires potentiellement candidates à faire œuvre de leurs livres pour la rénovation de la paroisse, Carta est amenée à rencontrer Gavin. Il est beau, sexy, intelligent, à tomber bref, et d'ailleurs Carta vacille. En même temps, elle n'est pas la seule à vaciller : le beau Gavin connait un succès fou en exerçant le métier de "professionnel de la détente", c'est-à-dire en vendant très cher son joli corps bien musclé aux cadres stressés de la capitale.
Mais la rencontre de Gavin et de Carta fait voler en éclat le miroir aux alouettes devant lequel se complet Gavin depuis des années. Au contact de la jeune femme, Gavin se rend compte qu'il est au centre d'un empire criminel régi par son amie, amante, associée, enfin bref, par sa proxénète ! Et c'est sa vie que Gavin va devoir risquer pour sauver son âme.

Pour clore sa trilogie dont la place forte est la petite paroisse de Saint Benet by the Wall, Susan Howatch s'attache à nous faire plonger dans l'esprit et dans l'âme d'un prostitué. De sa plume toujours aussi percutante, et avec sa touche d'humour "so british" à portée de clavier, elle émaille son discours de passages plus crus que dans les deux premiers opus, mais qui ne tombent jamais ni dans le vulgaire ni dans le sordide, pas plus que dans la facilité.
Il est en tout cas difficile de ne pas se sentir touché par ce récit à deux voix, celle de Gavin qui se cherche, celle de Carta qui se trouve, et de la multiplication des possibles pour chacun née de l'alchimie de leur rencontre. La première moitié du récit est véritablement prenante voire stressante, à la façon d'un thriller. La seconde partie m'a semblé quant à elle plus convenue, moins surprenante. Forcément, au bout du troisième livre d'une trilogie, on commence à comprendre où l'auteure veut nous emmener !
J'ai un peu l'impression que le message de l'auteure s'affirme et s'affine au fur et à mesure de la trilogie : si l'Eglise d'Angleterre est presque un personnage à part entière dans "Le pardon et la grâce", elle apparait de moins en moins au fil des romans, pour se focaliser sur des notions qui tiennent plus du message religieux que de l'institution. Ces livres parlent de pardon, d'erreurs, de rédemption, de guérison, de la lutte du bien contre le mal, sous toutes ses formes, et bien sûr, d'amour. De l’amour de soi, de l’amour des autres, de l’amour de l’autre, indissociables et aussi nécessaires les uns que les autres. Voilà un joli message, et un livre au final gai, plein d'espoir et palpitant, que nous livre cette fondatrice d’une chaire de théologie !