Jean Moulin, héros de la Résistance
de Bertrand Solet

critiqué par JulesRomans, le 16 juin 2013
(Nantes - 66 ans)


La note:  étoiles
Une eau pas trop claire apportée au sujet de l'arrestation de Jean Moulin
Le titre de ce livre est "Jean Moulin, héros de la Résistance" et c’est donc le récit de la vie de Jean Moulin depuis juin 1940 où en tant que préfet de Chartres il fait face à l’invasion allemande jusqu’à son décès le 8 juillet 1943 à Metz ou Francfort. Ce récit est fluide et permet à des jeunes de comprendre l’essentiel de ce que fut la Résistance avant l’été 1943 à travers la vie de Jean Moulin.

L’ouvrage est composé donc d’une première partie où se pose cruellement le problème de la vulgarisation. En effet sur un sujet dramatique et controversé comme celui-ci, pour bien expliquer les causes de l’arrestation de Jean Moulin il faut les connaître en ayant fait l’effort d’aller vers des ouvrages d’historiens, fruits de recherches. Les explications, qui suivent l’énoncé page 64 de « À partir de ce moment, le hasard joua aussi un rôle dans l’histoire » sont donc totalement fantaisistes ; Bertrand Solet les a certes reprises d’autres écrits également aussi vulgarisateurs que le sien. Quand en mathématiques un professeur énonce « il est évident que » et quand en histoire un auteur (on n’ose dire un historien) parle du hasard, cela masque la plupart du temps une incapacité personnelle à expliquer ce qui devrait l’être.

L’on ne peut reprocher page 71 ici de simplifier au sujet de Jean Multon qualifié de traître mais les mots "sentant le vent de la guerre tourner" sont de pure invention car ce Poitevin (originaire de Civray) à l’origine sincère résistant "cherche vainement le trépas dans une unité combattante. Il se livre alors à la justice" comme Chevance-Bertin l’avance avec divers arguments dans "Vingt mille heures d'angoisse". Quand à la vision de la responsabilité de René Hardy, depuis la parution de "La Diabolique de Caluire" en 1999, elle mérite d’intégrer le fait que Lydie Bastien a manipulé ce dernier. Certes ici on peut se dispenser de citer une confidence significative de René Hardy à savoir "Les femmes et les putains furent mon problème: savoir les distinguer, c'est une épreuve, quoi qu'on en dise, fort difficile."

Dans la partie documentaire, sont cités des témoignages et sont présentés des récits. On relèvera deux témoignages au sujet de l’attitude des gendarmes, habilement choisis l’un montrant un art de fermer les yeux et un autre au contraire de se faire les serviteurs zélés de la politique de collaboration.

Deux titres sont fort mal choisis, sous celui des "Bérets verts" seuls ceux des lecteurs qui ont déjà une certaine culture historique comprendront aisément qu’il s’agit de parler d’un des 200 Français qui participèrent les premiers jours au Débarquement de Normandie en juin 1944, l’autre "Joindre l’utile à l’agréable" laisse croire que les jeunes qui prenaient le maquis partaient en colonie de vacances. Les repères chronologiques sont éparpillés en divers pages ce qui leur permet de rester géographiquement proche des récits et témoignages en rapport. Les documents photographiques sont de format réduit, la carte des maquis très intéressante aurait gagné à occuper une pleine page pour être lisible.