Le locataire
de Georges Simenon

critiqué par Catinus, le 6 juin 2013
(Liège - 73 ans)


La note:  étoiles
Roman carolo
Si tout le monde agissait comme Elie, pour sûr que le monde serait encore plus dégueulasse qu’il ne l’est. Car, franchement, ce n’est pas parce que Elie est fauché qu’il doit nécessairement frapper plusieurs fois le crâne d’un riche hollandais, Mr Van der Chose, avec une clé anglaise, afin de lui dérober une belle liasse de billets de banque sur le train de nuit Bruxelles – Paris. Sylvie, la maîtresse de notre tout frais assassin, envoie son amant chez sa mère, à Charleroi, où la brave femme tient une pension de famille. Nous faisons la connaissance de Mr et Mme Baron, les tenanciers, Antoinette, la sœur de Sylvie, Domb, un Polonais, Valescu, un Roumain, Moïse, un Juif Polonais…

Encore une fois, belle description psychologique des personnages. Avec un décor que Simenon connaît à la perfection puisque sa mère, Henriette, a tenu longtemps une pension de famille à Liège. D’ailleurs, c’est un des secrets de la qualité des romans de Simenon : tous ces personnages, ces décors, ces villes, ces drames,… il les connaît intimement.

Un de des romans carolos de Georges.
Se retirer de la vie 7 étoiles

Un couple de circonstance, elle, courtisane d’occasion, lui « homme d’affaires » levantin pas très doué débarquent à Bruxelles pour tenter de forcer le destin et de « se refaire ». Bien vite cependant les maigres ressources s’épuisent et les besoins en argent frais se font sentir, Elie n’est pas parvenu à conclure cette affaire de tapis qui promettait tant.
Bientôt, la nécessité que ressent Elie de récupérer sa mise fait qu’il va commettre l’irréparable en tuant un homme dans le train afin de s’emparer de l’argent qu’il détenait. Bientôt, Sylvie sa compagne à laquelle il a confié son crime et une partie de son larcin, l’envoie se réfugier chez sa mère, à Charleroi où elle tient une pension de famille… Là, grippé, le coupable se laisse aller au désespoir et à une douce torpeur au sein de ce foyer qui lui procure chaleur et réconfort. C’est qu’il risque la vie, son crime ayant eu lieu en France, pays dans lequel la peine de mort est toujours en vigueur… malgré les injonctions de Sylvie qui sait maintenant la police sur les talons de son amant, Elie refuse de partir et de fuir… et bientôt les policiers ont investi sa tanière.
Roman psychologique, comme sait les concocter Simenon, Le locataire est un petit roman particulier, pas d’intrigue haletante ici, le lecteur se met à la place de ce fugitif qui ne veut pas en être un, se remémorant sa vie en Turquie, parmi les siens. Fils de bonne famille, on devine qu’il aimerait retourner d’où il vient et qu’il trouve dans la famille de Sylvie un palliatif. Homme faible, ayant commis l’irréparable, sa volonté s’effondre brusquement, il veut que toute cette histoire finisse mais c’est le bagne qui l’attend pour la condamnation de son acte : une peine destinée à lui faire regretter cette faiblesse, celle qui l’a conduite à tuer un homme et celle qui a annihilé sa volonté quand il a cru qu’il avait trouvé un refuge somme toute très précaire, lui donnant l’illusion de la sécurité…

Vince92 - Zürich - 47 ans - 8 juillet 2022


Saisir une clé anglaise, sans prendre la clé des champs … 8 étoiles

Curieusement cette histoire de 1934 me fait penser à cet époux suspecté de meurtre de son épouse actuellement, par le fait de sa personnalité et de celle du personnage principal du « Locataire » qui semble avoir de mon point de vue, quelques similitudes. D’où pour moi l’intérêt de ce roman qui se caractérise par son développement sous forme de fait divers …

Pierrot - Villeurbanne - 73 ans - 12 mai 2018


Pension incompléte 6 étoiles

Tous les ingrédients d'un Simenon sont réunis, la psychologie des personnages, les événements, les lieux et le style incomparable et inimitable de l'auteur.
La mayonnaise prend difficilement, non pas que ce soit un mauvais roman, mais on est tellement habitué à mieux.
Je dirai qu'il est comme les autres Simenon mais un ton en dessous.
Il manque ce grain de sel qui fait que l'on tient un très bon livre.
J'ai peiné pour le terminer, attendant une chute, un rebondissement qui tardait à venir.
A part ça aucune surprise, un pur roman simonien.

Hexagone - - 53 ans - 14 mars 2014