L'âge du doute
de Andrea Camilleri

critiqué par Marvic, le 5 juin 2013
(Normandie - 66 ans)


La note:  étoiles
Le doute de l'âge
Montalbano a 58 ans. Toujours commissaire à Vigata, toujours entouré de son équipe haute en couleurs, il croise, un matin diluvien, une jeune femme perdue qu'il réconforte et qui lui dit s'appeler Vanna Digiulio.
Arrivé au commissariat, une nouvelle enquête l'attend. Un yacht vient d'arriver pour se mettre à l'abri de la tempête dans le port, mais il a croisé un canot avec un cadavre nu et défiguré.
A Montalbano de l'identifier et de trouver la raison de sa présence sur ses terres ou plutôt sur "sa mer". Il va être obligé de prendre contact avec le Lieutenant de la Capitainerie, qui, ô surprise, se révèle être une femme superbe, Laura Belladonna, dont il tombe immédiatement amoureux.
La disparition de la jeune rescapée, qui portait comme par hasard le même nom que le bateau venant d'arriver, l'identification judicieuse du cadavre vont permettre au célèbre commissaire de résoudre une affaire d'ampleur internationale.

Mais ce n'est pas l'enquête policière qui lui posera le plus de problèmes. C'est ce coup de foudre réciproque avec Laura qui lui fera vivre de terribles incertitudes.

Septième roman de Camilleri que je lis, c'est pour moi, le plus fluide, le plus clair et peut-être le plus attachant. L'enquête y est bien construite et les états d'âme du héros ajoutent à l'empathie. On y retrouve certaines constantes caricaturales, et puis bien sûr l'humour et la verve italienne.

Là, où je suis moins enthousiaste , c'est pour les choix du traducteur.
Serge Quadruppani, un fidèle de Camilleri prend soin de nous expliquer ses choix en quatre pages d'avertissement. Camilleri écrivant en effet dans une langue bien éloignée de la langue officielle.
Mais si on s'habitue aux inversions telles que "Montalbano, je suis", j'ai été plus gênée par l'utilisation de mots transformés qui, à ma connaissance n'existent pas dans la langue ou un dialecte français : pirsonne, tiliphone, s'adécider...
"Il se leva et alla tiliphoner au commissariat;
-Ah, dottori !
-Qu'est-ce qui fut, Catarè ?
-Ici, l'apocalypse, c'est !
-Mais qu'est-ce qui se passe ?
-Le vent découvrit la couverture en tuilerie des tuiles du toit par où l'eau entra dans toutes, toute les pièces !
-Elle a fait des dégâts ?
-Oh que oui. Par exemple, tous les papiers qui, s'atrouvant par-dessus le dessus de votre bureau, dans l'attente que vosseigneurie y apposassâtes sa signature, se trempèrent tant et si bien que ce fut de la pâte."
Savoureux, mais pas toujours facile à lire !
imbroglio sicilien 10 étoiles

Une nouvelle enquête du célèbre commissaire Montalbano, par un Camilleri en pleine possession de ses moyens, malgré son grand âge. Ce n'est pas le cas de son héros qui, voyant la soixantaine approcher, commence à douter de ses moyens tant physiques que mentaux. Il va pourtant connaître une folle passion amoureuse qui va lui redonner, le temps d'une enquête particulièrement complexe, une seconde jeunesse. Malgré sa maladresse congénitale (l'âge n'expliquant pas tout) et sa façon bien à lui de donner toute sa place au hasard, au risque de mettre en danger ses propres collaborateurs, l'enquête progresse cahin-caha, jusqu'au dénouement, explosif. Un morceau de bravoure de l'étonnant Andrea Camilleri, agrémenté de ses savoureuses curiosités langagières savamment transposées par la traduction de Serge Quadruppani. Un régal…

Jfp - La Selle en Hermoy (Loiret) - 76 ans - 4 octobre 2015