Histoire de l'Europe urbaine : Tome 2, La ville médiévale
de Patrick Boucheron, Denis Menjot

critiqué par Vince92, le 28 mai 2014
(Zürich - 47 ans)


La note:  étoiles
Etude exhaustive de la ville au Moyen-Age
Ce livre fait partie d'une vaste étude intitulée "Histoire de l'Europe urbaine" et publiée en six tomes. Dans le présent tome, les deux auteurs, Denis Menjot et Patrick Boucheron, tous deux médiévistes, examinent, ainsi qu'ils le précisent dans leur postface de l'édition de 2011 de leur ouvrage "le moment médiéval de l'histoire de l'Europe urbaine" plutôt que "la ville médiévale" en tant que telle.

Découpé en quatre parties, deux chronologiques et deux thématiques, ce livre est un pur produit de vulgarisation scientifique, reprenant une bibliographie pléthorique (augmentée encore dans l'édition de 2011), offrant un index et mettant en avant les aspects didactiques.
Au final, nous avons une étude exhaustive du fait urbain entre VIII ème siècle et le XVème siècle soit l'examen de l'urbain (architecture, urbanisme) proprement dit mais également la présentation sociologique, politique, fiscale, organisationnelle, des villes d'Europe dans cette période. Malheureusement, qui trop étreint mal embrasse et nous avons parfois l'impression d'un survol sur des aspects qui mériteraient d'être développés, et au contraire, des aspects qui débordent un peu du champ d'étude.

Les deux auteurs distinguent donc deux périodes au sein du Moyen-Âge: du VIIIe au XIe s, le Haut-Moyen-Âge, les villes sont dispersée, dépeuplées, le tissu urbain offre peu de densité. Il y a certes des exceptions, les sièges ecclésiastiques, les cités byzantines ainsi que celles de l'Occident arabe.
A partir du XIe s, de nouveaux noyaux urbains émergent sous l'effet du développement commercial, de la révolution agricole et du "fait du Prince". Ces derniers s'enrichissant, ils décident d'asseoir leur puissance politique par le développement des centres urbains et en particulier leur capitales.
Le marché, l'enceinte et l'emprise de la ville sur la campagne participent du phénomène.
Les deux dernières parties sont consacrées aux conditions d'habitation, une analyse sociologique de la ville tandis que que la dernière partie, sans doute la plus intéressante selon moi, examine la dimension politique du développement urbain, notamment l'opposition des forces bourgeoises et seigneuriales et qui voit, pour un temps du moins, la victoire de ces dernières.

Un livre intéressant donc, mais qui laisse des petits regrets, notamment sur l'objet et l'étendue de l'étude.
A noter qu'une émission du regretté Jacques Le Goff, Les lundis de l'histoire sur France Culture, est toujours écoutable sur le site de la station.