Rester vivant et autres textes
de Michel Houellebecq

critiqué par Catinus, le 12 mars 2003
(Liège - 72 ans)


La note:  étoiles
La Fête perpétuelle


Ce que l'on pourrait reprocher à Michel Houellebecq, c'est de tirer sur tout ce qui bouge, sans nuances, par provocation, à la Gainsbourg. Pas de reproche, s.v.p ! " La vie est une serie de tests de destruction". C'est du Cioran ? du Dominique Noguez ? Point du tout : du Houellebecq.


L' amour ? Je cite : " une fois que vous avez développé une conception de l'amour suffisamment idéale, noble et parfaite, vous êtes foutu ! ". Vous me direz qu'avec ce genre de raisonnement, on ne va pas très loin , mais qui vous a demandé d'aller loin ? Je re-cite : "n'ayez pas peur du bonheur, il n'existe pas ! " Qui prouvera le contraire ?



Le Capitalisme-bourgeois tente à tout crin de canaliser nos vies. Elle invente le travail, ses horaires et le bonheur, pas l'hypothétique, pour demain, celui-là même que proposent les religions, non ! le bonheur maintenant, aujourd'hui ! Le prix à payer :le travail, plus ou moins enchaîné. Le Capitalisme a besoin d'ennemis pour s'auto-alimenter. Le Communisme, son frère jumeau, est vaincu, effondré. Voici l'Islam, avec en poche le Coran ; mieux encore : les terrorismes de tous poils. La devise du Capitalisme-bourgeois : tout sauf l'ennui. Son Dieu : la consommation à perte de vue. Tout est organisé pour combler le vide de nos vies : la fête perpétuelle qui " nous fait oublier que nous sommes solitaires, misérables et promis à la mort".



Vous voulez savoir ce qu'est la Révolution froide ? Pourquoi il traîte Prévert de "con" , j'en passe et des meilleurs ? Alors, plonger-vous dans ce livre. Vous n'en sortirez pas indemne....
Quand la souffrance engendre la beauté 9 étoiles

Ce recueil est pour le moins inégal. Certains textes sombrent dans la provocation facile chère à Houellebecq (Prevert est un con) alors que d'autres se révelent d'un intérêt limité, voire nul (Temps morts). Pourtant je le recommande vivemment, ne serait ce que pour le texte "Rester vivant" qui lui est d'une beauté renversante. Entre aphorismes cinglant et introspection dépressive, l'auteur nous y livre sa conception de l'ecriture. L'expression "énergie du désespoir" révele alors toute sa dimension.

Louiscez - Nantes - 42 ans - 13 septembre 2007


C'était...heu..bien? 6 étoiles

Le texte "'Rester Vivant" lui-meme est très beau, il s'agit d'un éthique du poète contemporain, voir meme une historiographie éthique spéculative. Comment le poète contemporain se créé-t-il?

Mais a part ca? Assez vague, mal édité (les textes ont plus ou moins de rapport logique ensemble). Je me suis surpris à m'ennuyer après 60 pages...et de plus c'est plutot vachement complaisant...

FightingIntellectual - Montréal - 41 ans - 23 février 2007


Seul(s) au monde 8 étoiles

J'ai acheté ce livre par hasard au supermarché pour 2 euros et je ne regrette pas.
Nous avons un livre qui se lit très vite et qui va droit là où ça fait mal.
Voilà enfin en France un écrivain qui a un univers bien à lui et qui sait nous y faire entrer.
Houellebecq déteste les gens, c'est pour ça qu'il est parti habiter au fin fond de l'Irlande et qu'il refuse toutes les interviews. C'est pour ça aussi qu'il a écrit une biographie de Lovecraft, l'ermite de Providence qui écrivait les volets clos, écrivain maudit mort incompris sans un sou en poche.
Alors rien d'étonnant à ce qu'il écrive un court texte intitulé "Prévert est un con", un con parce qu'il a chanté l'amour toute sa vie.
Ces idées sont très intéressantes, elles ont déjà été développées avant lui mais il a le mérite de les remettre au goût du jour (négation de l'Etat, exigence de vrai dans la vie, le surpassement).
Rester vivant, parce qu'un écrivain mort n'écrit plus, dixit.
A lire absolument pour tous ceux qui désirent laisser une trace. Et les autres.

El Barjo - - 41 ans - 24 juillet 2004


La logique du supermarché 6 étoiles

Ce petit livre est à la fois un traité de poésie, à la fois un petit traité philosophique, à la fois un recueil de petits articles acerbes et piquants sur notre monde publiés dans la presse. Selon Houellebecq, la logique du supermarché caractérise le monde dans lequel nous vivons, un monde dans lequel nous ressentons de plus en plus de désirs alimentés par la publicité et par un flux d'informations de plus en plus rapide et performant. Il faut cependant constater que les hommes n'ont jamais été aussi frustrés ni si mal informés qu'actuellement. Dansune autre partie, Houellebecq livre ses "recettes" pour être un bon poète. La condition sine qua non, souffrir tant et plus. Ca tombe bien car selon, lui, il n' aurait point de bonheur sur cette terre. La deuxième condition est de rester viant car un poète mort n'écrit plus!
Il s'interroge ailleurs sur la fête: Pourquoi les fêtes prévues de longue date sont-elles si étouffantes, si barbantes alors que celles relevant de l'inattendu nous laissent souvent avec des souvenirs impérissables. Toujours provocant (Jacques prévert est un con, le minitel rose), ce recueil n'en est pas moins inégal.
Sans doute vaut-il mieux commencer par un de ses romans et comprendre l'univers propre à l'auteur, avant de se plonger dans ce livre.

Nothingman - Marche-en- Famenne - 44 ans - 5 octobre 2003