C'est un beau jour pour mourir
de James Welch

critiqué par Heyrike, le 11 mars 2003
(Eure - 57 ans)


La note:  étoiles
Chronique d'une défaite annoncée
Le récit de Welch s'impose d'emblée comme une volonté de rétablir la vérité contextuelle et historique de cette époque. Il nous présente la politique absurde et inique du gouvernement Américain qui n'a eu de cesse de spolier et d'exterminé les Indiens en les poussant dans leurs derniers retranchements alors même que ceux ci n'aspiraient qu'à un seul idéal, vivre libre et en paix sur leurs terres ancestrales.
Après maints traités bafoués, massacres orchestré par l'armée et les milices de volontaires, et une politique visant l'anéantissement total et sans conditions des cultures, des croyances, et des vies des peuples Indiens. Le gouvernement Américain invoquera la fameuse "Destinée Manifeste" pour valider sa politique expansionniste, devenue depuis la doctrine qui dirige la politique Américaine encore aujourd'hui, à savoir que c'est Dieu qui à offert ce pays au peuple Américain (….blanc de préférence). Peuple élu dont le destin est de répandre sur terre la parole de Dieu, en civilisant (….ou plutôt en Américanisant) et en convertissant le monde à sa propre vision et selon les critères qu'eux seuls auront fixés, bien entendu. Politique menée dans un premier temps sur le territoire des Indiens et dans un deuxième temps sur la planète entière comme l'actualité le démontre aujourd'hui.





--------------------------------------------- A ce titre je viens d'entendre un extrait de discours de notre "Ami le Bienfaiteur de L'humanité" M. Bush qui parlant de l'Irak prétendait que le destin de L'Amérique était d'assurer la paix dans le monde, en argumentant que son pays est le plus fort, que sa cause est juste et que le monde entier les admire et les envie. Tout un programme!!!!




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James Welch évoque les massacres d'Indiens de Sand Creek, de la Marias River, de la Washita, ainsi que la crise économique des années 1870 qui vit les politiciens véreux poussés par les financiers sans scrupules à ouvrir les territoires de l'Ouest à la "civilisation" et ce
en utilisant la Northern Pacific, en ayant pris le soin de donner l'illusion d'une ruée des pionniers vers l'Ouest à l'aide de publicités mensongères pour faire face à la faillite imminente de la compagnie ferroviaire. Mais la compagnie fera tout de même faillite ce qui précipitera le Krach boursier de 1873. Pour palier à la crise le gouvernement prendra possession des Black Hills où Custer avait découvert de l'or quelques temps plutôt (Pourtant territoire Indien sacré déclaré inviolable quelques années plutôt lors d'un traité avec les Sioux).
C'est pour riposter à toutes ces agressions injustifiées que les Cheyennes, les Sioux, les Arapahos et diverses autres tribus se réunirent, sous l'égide de Sitting Bull et Crazy Horse, le long de la rivière Little Bighorn. Ce sera le plus grand rassemblement d'Indiens des plaines jamais vu à cette époque. Custer et les généraux Crook, Terry et Gibbon partirent à leurs recherches afin de les contraindrent à réintégrer les Réserves ( Ce que Sitting Bull et Crazy Horse refusaient catégoriquement). Ils tenteront de prendre en tenaille le village Indien qui s'étendait sur 5 kms, mais la témérité inconsciente, l'arrogance et le manque élémentaire de stratégie militaire de Custer, le conduiront à la mort ce jour là, lui et ses soldats. Car face à lui il y a plusieurs milliers de guerriers Indiens bien décidés à en découdre avec les Visages Pâles une fois pour toutes et surtout prêt à défendre leurs droits en tant que peuple libre.
La nouvelle de la défaite de Custer fera l'effet d'une bombe à l'Est et sera le point d'orgue de la résistance Indienne mais aussi sa fin, car à partir de ce jour les Etats Unis d'Amérique mettront tout en œuvre pour annihiler les Amérindiens définitivement. Quelques mois plus tard Crazy Horse sera contraint de se rendre et de migrer vers la réserve de Red Cloud où il sera tué peu de temps après. Quant à Sitting Bull, après un exil au Canada pendant 4 ans, il se rendra
et ira s'échouer dans une réserve où il sera assassiné à son tour. La lutte des Indiens des plaines pour sauver leurs cultures ancestrales et leur liberté s'acheva en 1890 par le massacre de Wounded Knee.
Le mouvement de défense des Amérindiens ne refera surface qu'a la fin des années 1960.
Le récit de Welch loin de ressasser un récit déjà connu, nous transmet l'histoire d'un peuple à travers le regard d'un homme à la recherche de ses racines et qui tente de se réapproprier une culture traditionnelle et spirituelle que des décennies de conditionnement, d'acculturation et toutes autres tentatives pour "blanchir les sauvages" ont failli faire tomber dans les oubliettes de l'histoire. Il se fait ainsi le chantre d'une identité qui lutte pour exister envers et contre tout, mais surtout qui place tous ses espoirs dans le renouveau d'une nation qui était autrefois en parfaite harmonie avec son environnement, et qui après avoir était conquise puis charmée par les sirènes du monde de l'homme blanc, à fait l'amer constat de l'absurdité d'une société fondé sur le matérialisme à tout prix, qui ne tolère qu'un seul modèle de référence dans lequel bien sur les Indiens n'ont rien à y faire, et ils ne sont pas les seuls.….….….
La bataille de la Little Bighorn est la seule et unique fois ou les Etats Unis furent vaincu par une nation étrangère sur son territoire (…."son territoire", cela reste à voir.)
Un très grand auteur ! 9 étoiles

J'adore James Welsh et ce livre est en effet excellent ! Je lui ai cependant un rien préféré "Comme une ombre sur la terre" Peut-être un peu plus poétique tout en autant aussi réaliste. Pour ceux que cela intéresse, je ne peux manquer de rappeler le livre préfacé par Jim Harrison "Sur la piste de Big Foot" C'est un livre de photos accompagnées de textes et fait par Guy Le Querrec photographe à l'agence Magnum. (je l'ai mis sur ce site il y a longtemps déjà) Herrison dit dans sa préface: "La statue de la Liberté, cette salope fréquemment malveillante, souffre d'une énorme tumeur abdominale qui a envahi son cerveau et ses yeux Dès qu'il s'agit des premiers habitants de l'Amérique, elle est atteinte atteinte de la maladie d'Alzheimer ou de la vache folle, elle a oublié son passé et ses yeux aveugles sont incapables de voir le sort terrifiant réservé a la plupart des tribus indiennes."

Jules - Bruxelles - 80 ans - 13 mars 2003


Enfin le point de vue Amérindien ! 10 étoiles

Je n'ai presque rien à ajouter à l'excellente critique de Heyrike, que je rejoins en tous points, à part une petite anecdote. J'ai rencontré James Welch à Paris à l'occasion de la sortie de "A la grâce de Marseille" et nous avions discuté
du contenu des livres d'histoire américaine et de l'état d'esprit dans lequel il se trouvait alors qu'il écrivait "c'est un beau jour pour mourir". Les livres d'histoire sont rédigés par des professeurs blancs et jamais aucun professeur Amérindien n'a été sollicité pour participer à l'élaboration de ces livres. Welsh espérait alors que son livre serait lu par des étudiants américains, désireux d'approfondir leurs connaissances et d'entendre le point de vue des vainqueurs de ce grand jour. Je ne sais si cela a influencé peu ou prou les programmes d'histoire, mais il est bon que quelqu'un rappelle, de temps à autre que, non, les Kit Carson, Buffalo Bill ou Davy Crockett, ne sont pas des braves types, ni des héros mythiques de l'Amérique pionnière. Custer par exemple, bien que représentant l'archétype du général brave jusqu'à la folie, était le plus souvent considéré comme un imbécile par les soldats plus expérimentés que lui, mais on se garde bien d'enseigner de telles choses dans les lycées américains. Merci donc à James Welch pour ce magnifique récit que je conseille à tous les amateurs d'Histoire.

Folfaerie - - 55 ans - 12 mars 2003