Bertrand d'Ogeron (1613-1676)
de Jacques Ducoin

critiqué par JulesRomans, le 9 juin 2013
(Nantes - 66 ans)


La note:  étoiles
Un dingue de Saint-Domingue qui à un rythme de tortue fut haï à Haïti
Les conditions dans lesquelles se fait la colonisation du premier empire colonial français sont largement inconnues. Nous suivons à travers la vie d’un homme, parti de France en 1657, il obtient en 1665 le titre de gouverneur de l’île de la Tortue, pour l’univers de l’île de Saint-Domingue les conditions d’engagement, voyage et installation de gens souvent issus, comme Bertrand d’Ogeron, de l’Anjou et à défaut des provinces qui lui étaient limitrophes pour sa partie occidentale (Bretagne, Poitou, Maine) voire de Saintonge et Aunis.

Cette colonisation se fait sous les hospices de la Compagnie des îles d’Amérique au milieu du XVIIe siècle. Les engagés, en échange du règlement de leur voyage, travaillent gratuitement pendant trois ans. Ils y côtoient en particulier les boucaniers (alors que le terme désigne encore des chasseurs et pas des pirates) et le monde de la flibusterie. Entre rivalités internes et internationales, la colonie de Saint-Domingue est difficile à gouverner et le choix de la monoculture sucrière (qui ruine les boucaniers et multiplie les arrivées d’esclaves noirs) précipite l’échec de la colonisation de peuplement européen (ou blanc) voulue par Bertrand d’Ogeron.

L’ouvrage propose une dizaine d’illustrations dont une gravure d’un bord de mer à Saint-Domingue. Il est capital de le lire pour comprendre comment les premières communautés de population se structurent ici, comme dans d’autres îles.