La Logeuse
de Éric Dupont

critiqué par Libris québécis, le 14 mai 2013
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
Ce que devrait être le Québec
Avec La Logeuse, Éric Dupont s’est adonné à la fantasmagorie. Son héroïne Rosa est une jeune Gaspésienne de Notre-Dame-du-Cachalot, un village où se poursuit une expérience socialiste. Rosa quitte sa région pour trouver les causes de l'arrêt du vent qui empêche le gaz mortel de l’ennui de se dissiper. Un immense bigorneau lui prédit que c’est à Montréal qu'elle pourra résoudre ce mystère.

Plusieurs jeunes se verront dans ce personnage de Rosa Ost pressée de hâter l'arrivée d'un monde meilleur. Installée dans la métropole du Québec, elle combat les idéaux révolus de Jeanne Joyal, sa logeuse. Il faut, croit-elle, oublier le passé et se tourner résolument vers l'avenir. Un avenir qui bannit le « je me souviens » (devise du Québec), pour un « je deviens » ouvert sur autrui. En quelque sorte, l'auteur propose le multiculturalisme. On sent très bien que le salut, dont rêve Rosa, s'adresse à tous sans distinctions, voire à ses pairs venues illégalement, de la Russie comme effeuilleuses et à son amoureux, un policier dont elle tente d’ouvrir l’esprit. Ça va être toute une job (féminin au Québec) !

Ce conte drolatique cristallise, dans une allégorie gauche caviar, la voie que le Québec devrait emprunter. Bien écrit, il soulève des interrogations pertinentes, mais il se noie dans un foisonnement d'éléments que les jeunes écrivains ne se résignent pas à supprimer. Tout de même, c’est un roman intéressant sur le phénomène identitaire dans le contexte d’un monde nouveau.