Un violon sur la mer
de Gilbert Bordes

critiqué par CC.RIDER, le 13 mai 2013
( - 66 ans)


La note:  étoiles
Le "Grand métier"
En septembre 1869, Eric Beaurelec, capitaine respecté du « Beau René » fait naufrage avec tout son équipage suite à une tempête au large de Terre-Neuve. Il laisse une veuve et deux jeunes enfants qui, à l'âge adulte, choisiront des métiers n'ayant aucun rapport avec la mer. En 1908, Yann, petit-fils d'Eric et fils d'un médecin de Paimpol, tombe amoureux de Francesca, la fille d'un émigré italien accusé d'un crime qu'il n'a pas commis. Après s'être donnée à lui, la belle s'enfuit avec sa famille et disparaît sans laisser d'adresse. Yann est désespéré. Lui qui se destinait à une carrière militaire erre sur les quais de Paimpol et force la main du brave capitaine Caupiac qui, en souvenir de son grand-père, lui permet d'embarquer sur le « Reine-Marie » et de faire ses premières armes dans le « Grand métier ». Avec pour tout bagage le violon que lui a laissé en souvenir Francesca, il va découvrir le dur et ingrat labeur des terre-neuvas, ces forçats de la mer qui partent pour de longs mois de campagne de pêche sur des trois-mâts, très loin dans l'Atlantique nord sur des flots dangereux à la recherche des bancs de morues.
Bien qu'ancré sur la vie quotidienne des marins-pêcheurs du début de l'autre siècle, ce livre, remarquablement documenté, et, de ce point de vue passionnant, l'est beaucoup moins quand l'intrigue dérive dans le sentimental et les amours tragiques, contrariées voire un peu ridicules des deux personnages principaux, par ailleurs bien campés et fort attachants. Gilbert Bordes, auteur prolifique spécialisé dans le roman de terroir et également dans le roman purement historique (« La peste noire »), a voulu cette fois se lancer sur les traces de Pierre Loti (« Pêcheur d'Islande ») et de Victor Hugo (« Les travailleurs de la mer »). Il ne semble pas que le résultat soit à la hauteur de ces grands ancêtres. Néanmoins cet ouvrage permettra au lecteur de découvrir ou de redécouvrir un métier oublié et totalement disparu et d'avoir une pensée émue pour le courage de ces gens qui prenaient autant de risques juste pour nourrir leurs compatriotes. Un honnête ouvrage, intéressant par son volet historique et sociologique, mais pas le meilleur de Bordes.