Dans la cour de l’école : les jeux de l’enfance au temps du certif.
de Gérard Bardon

critiqué par JulesRomans, le 10 mai 2013
(Nantes - 66 ans)


La note:  étoiles
Et qu'il faut qu'avec elle on joue au corbillon ( "L'école des femmes" de Molière)
Voilà une belle plongée dans un patrimoine qui appartient à tous quelque soit ses origines sociales. Alors qu’on est frappé aujourd'hui par le peu de variétés des jeux dans la cour de récréation, il est bon de redécouvrir des jeux qui étaient fort populaires voici environ un siècle (certains le restèrent bien au-delà). En effet le temps du certificat d’études, c’est l’époque où Jules Ferry le définit au niveau national en 1882 et où il disparaît en 1972 pour les jeunes (il perdure encore jusqu’en 1989 pour les adultes).

Certes l’ouvrage n’est pas exhaustif et on peut regretter de ne pas y voir présenter le jeu des barres par exemple qui apparaît dans de nombreux romans écrits à la Belle Époque ou dans l’Entre-deux-guerres (voir page 26 à http://wheb.ac-reims.fr/ia10/IMG/…) .

Les jeux sont plus présentés qu’expliqués et ainsi pour les osselets ce sont les premiers principes qui sont exposés. Aux pages des jeux collectifs justement on a le petit pont (connu aussi comme ballon en cage), le chat perché, saute-mouton (avec la somme encyclopédique de ses figures imposées), le béret … On revisite les formulettes pour tirer au sort les membres d’une équipe ou pour désigner qui va commencer. On réapprend que le jeu du corbillon est mentionné dans "L'école des femmes" de Molière.

Un chapitre est consacré à onze jeux qui s’adressaient plutôt aux filles, un autre présente quatorze textes pour des rondes (à accompagner de mouvements divers), on retrouve bilboquet, diabolo et toupie. On apprécie un passage sur les illustrés des Trente Glorieuses (1945-1974) et on remet des noms derrière des friandises dont on se régalait (parfois remises au goût du jour par des chansons) comme les mistrals gagnants ou les roudoudous. Pour la bataille navale au lieu de mettre un modèle de jeu commercial sorti des usines il y a une quinzaine d’années, on aurait gagné à mettre les feuilles de papier quadrillé sur lesquels on dessinait nos navires en mettant des croix, c’est le seul anachronisme relevé (page 35).

Les illustrations sont très variées, on peut voir des grands tableaux didactiques succéder à des photographies d’époque et précéder des gravures ou dessins. On apprécie l’existence d’un sommaire. Bref un objet bien conçu suscitant plus ou moins la nostalgie pour certains et catalogue d’objets d’un autre âge pour les jeunes.

On complètera cette lecture par "La maîtresse d'école : Trente années de la carrière d'une institutrice".