Victor Hugo - un Combat pour les Opprimes - Etude de Son Evolution Politique
de Pascal Melka

critiqué par CHALOT, le 1 mai 2013
(Vaux le Pénil - 76 ans)


La note:  étoiles
analyse fouillée
« Victor Hugo
Un combat pour les opprimés
étude de son évolution politique »
de Pascal Melka
Éditions La Compagnie Littéraire
avril 2008
533 pages

Victor Hugo, un « monument » littéraire et politique

La littérature et la poésie sont bien présents dans ce livre avec des extraits présentés et commentés.
L'évolution des idées de Victor Hugo, ses choix politiques et son analyse du moment sont dans toute son œuvre.
Il a évolué politiquement puisqu'il est passé d'un adepte de la monarchie en opposition aux « excès » de la révolution française à une position républicaine ferme...Il n'est pas comme une girouette qui tourne au gré du vent, il se dote de convictions solides, nées de ses observations et de sa participation à la vie publique.
Le grand romancier républicain du 19ème siècle croit en Dieu et pas en l' Église qui pour lui, est et reste une institution rétrograde.
L'interprétation à la lettre du texte de la Bible tue l'esprit de critique, l'esprit de liberté.
Ce texte présentait un progrès quand elle s'adressait aux peuples de l'Antiquité.
L'humanité a progressé.
L'adoration de la Bible ne peut que conduire à l'intégrisme car elle admet l'esclavage et la monarchie, donc justifie les inégalités.
Victor Hugo s'oppose et s'opposera au cléricalisme «  L'histoire du parti clérical est écrite dans l'histoire du progrès humain, mais elle est écrite au verso. Il s'est opposé à tout » ( discours en 1850 contre la loi Falloux).
Favorable à l'évolution progressive de la société, adversaire résolu de toute « révolution » brutale, Hugo va changer son fusil d'épaule au moment des journées révolutionnaires de 1848 et surtout lors de l'insurrection républicaine qui a suivi le coup d’État du futur Napoléon III, les tout premiers jours de décembre 1851.
Homme en avance sur son siècle, il se mobilise contre la peine de mort, contre le fanatisme religieux et contre la misère.
En exil à la suite de son opposition franche au coup d'état de Napoléon le petit, il continue à commenter la vie politique et même à mener un combat contre la guerre de 1870 :
Aux femmes de Guernesey
Hauteville-House, 22 juillet 1870.
Mesdames,
Il a plu à quelques hommes de condamner à mort une partie du genre humain, et une guerre à outrance se prépare. Cette guerre n'est ni une guerre de liberté, ni une guerre de devoir, c'est une guerre de caprice. Deux peuples vont s'entre-tuer pour le plaisir de deux princes. Pendant que les penseurs perfectionnent la civilisation, les rois perfectionnent la guerre.
Celle-ci sera affreuse.......»
Voilà une analyse fine de la situation et non un pacifisme bêlant
Lorsque les troupes prussiennes font le siège de Paris, Victor Hugo appelle à la résistance armée...Il ne s'agit pas là d'une contradiction mais d'une logique : le combat a changé de nature, il faut s'opposer à l'invasion.
Ce livre qui se veut une étude et qui est une étude rigoureuse constitue un document incontournable pour tous ceux qui s'intéressent au combat de Victor Hugo contre l'oppression et pour la démocratie.
L'auteur de ce livre se lance parfois à quelques extrapolations sur l'attitude qu'aurait pu avoir Victor Hugo s'il avait vécu beaucoup plus longtemps....Son soutien probable à la révolution russe de février 1917 et son opposition à celle d'octobre !
« La même foule révolutionnaire a raison en Février et tort en Octobre. »
Rien n'est moins sûr!
Cette divergence avec l'auteur ne m'empêche pas de considérer ce livre comme positif et non comme globalement positif!
Jean-François Chalot