Gertrude
de Hermann Hesse

critiqué par Justine J, le 30 avril 2013
( - 38 ans)


La note:  étoiles
Topos littéraire et qualité
La création, la muse, le créateur et son modèle, la relation amoureuse qui découle de ce lien, un topos de la littérature, certes, mais un topos écrit avec talent reste toujours une aventure nouvelle dans la littérature et constitue une expérience nécessairement unique.

C'est avec beaucoup de plaisir que j'ai lu ce petit roman d'Hermann Hesse : une écriture poétique mais loin d'être alambiquée, un style qui vise la précision dans la peinture des personnages, de leur caractère, de leurs sentiments, une prose juste et équilibrée qui donne la mesure de la situation pathétique du héros sans tomber dans la facilité d'un récit de vie larmoyant.

Gertrude est le nom de cette femme belle et inaccessible pour ce jeune compositeur qui se refuse toute histoire amoureuse à cause de son infirmité. Elle l'inspire néanmoins et il reste non loin d'elle alors qu'elle se marie avec un de ses amis.

L'artiste reste épris jusqu'à la fin, compose pour elle, et laisse transparaître ses émotions, sa tristesse.

Hesse diffère de certains auteurs qui sont souvent prompts à faire sombrer le créateur en proie à un échec sentimental dans la folie. Pas de dérapage de ce type, il reste ancré dans la réalité de son existence qu'il devra partager avec sa mère veuve, de celle de son ami qui a pu, quant à lui, partager sa vie avec Gertrude, de celle de son travail de compositeur.

En somme, sans bouleverser le topos en profondeur, en maintenant seulement une rigueur suffisante pour faire de ce néoromantique un homme vrai, Hesse nous livre un beau roman.
Amour... Toujours... 10 étoiles

Kuhn, un jeune homme romantique, à la fin du XIX ème siècle en Allemagne. Romantique et amoureux, de surcroît… Un amour qui lui vaudra un accident de montagne et une infirmité à vie.
Romantique, amoureux, et… musicien : tous les ingrédients sont réunis pour que notre jeune homme soit non seulement compositeur à succès, mais aussi pour que sa vie ne soit pas un long fleuve tranquille.

Il rencontrera Henri Muoth, le ténor qui chantera son opéra. Mais aussi et surtout la belle Gertrude, qui deviendra vite sa muse ; mais pas plus car « les affinités » ne sont pas partagées…
Comme d’habitude chez Hermann Hesse, on se trouve très vite plongé dans une ambiance très particulière, du genre de celles que l’on rencontre également chez Knut Hamsun ou Stefan Zweig : une ambiance poétique qui n’a d’égal que dans la complexité des personnages. Beaucoup auraient pu, et se sont essayés à ce genre de sujet : un impossible amour, en résumé.

Beaucoup s’y sont cassé les dents. Il faut la maestria de Hermann Hesse pour ne pas tomber dans un sombre mélo, n’est pas Prix Nobel qui veut…

Un ouvrage que je classe très haut dans mon estime : probablement juste après « Le jeu des perles de verre » qui est et restera pour moi Le chef d’œuvre de Hermann Hesse.

Lecassin - Saint Médard en Jalles - 68 ans - 21 juin 2013