Maiky - le roman d'une chevrette
de Charlotte Polis

critiqué par Paia, le 27 avril 2013
( - 77 ans)


La note:  étoiles
Maiky, quel amour de chevrette !
Que peut donc être la vie d’une chevrette qui se retrouve sous la protection des humains malgré elle et malgré eux? Une chevrette à laquelle on ne veut surtout pas enlever la moindre parcelle d’esprit sauvage, ou libre, ou intempestif. On n’apprivoise pas Maiky, tout au plus l’habitue-t-on à l’amour des gens qui savent l’aimer sans la posséder.

Un roman où se côtoient l’observation scrupuleuse, l’humour, l’amour, une heureuse nostalgie pour un passé qui eut ses charmes et ses rudesses au cœur de la Fagne, décor majestueux et singulier qui sert d’écrin à la vie de Maiky, Yutti et Heidi.

On ne fait pas que lire « une belle histoire ». Loin de là. On pose le pied, doucement, dans un monde de nature, de rigueur, de cruauté, de grande beauté, que ce soit celle de la faune ou de la flore.

« (…) Nous continuons donc à avancer, repoussant les branches basses où les mouches s’agglutinent par centaines. Lèvres serrées, nez pincé, nous relevons malgré la douceur de la nuit tombante, les cols de nos imperméables. Il a plu en fin d’après-midi.

C’est une soirée d’été, moite et lourde. Le ciel zébré par endroits de pourpre et d’indigo s’orne au loin d’une lourde frange plombée qui s’étend et s’empare petit à petit de l’espace encore dégagé au-dessus de nos têtes. »

« Fin janvier, l’hiver donne des signes de fatigue. Vent du sud, neige qui disparaît pour céder la place à un peu de verdure et à quelques fleurettes. Signes trompeurs, bien évidemment. Mais cette température trop douce pour la saison déclenche chez nos chevreuils un regain de vitalité plutôt comique. Les jeune sautent sur place, les mères font des bonds de cabri, tous galopent ventre à terre et se frottent comme des enragés contre les arbres afin de se débarrasser au plus vite des poils chauds et inutiles. Heureusement, les poil résistent et restent aussi drus et thermogènes qu’au début de l’hiver. »

Laissez-vous prendre par la main et entrez dans un univers d’herbes et marécages et fleurs et douleurs et dangers et cris et pirouettes et combats et luttes et jeux et affection et rut et mises à bas et frayeurs et bonheurs et espoirs et orages et tempêtes… Maiky se lit au pas de promenade, on écoute, on regarde et on hume. La chevrette est là, capricieuse et impétueuse, et on « tombe en amour » avec elle nous aussi, en bondissant elle nous accompagne, libre et … amoureuse elle aussi.

Une toute belle écriture, simple et précise, une écriture qui regarde et s’enchante. Ce livre est un hymne. Un hymne en couleurs et chœurs.